5 décembre 2022
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Les devoirs du cœur de Bahya Ibn Paqûda, philosophe juif d'espagne du XI° siècle qui écrivait en arabe, la langue de la culture de l'époque fut traduit en hébreu par Juda Ibn Tibbon et de nos jours par André Chouraqui dont les dons poétiques donnent à cet ouvrage un souffle à la fois biblique et très moderne.
Ces textes se situent aux carrefour du judaïsme, du christianisme et de l'islam et montrent la possibilité d'un fructueux dialogue entre les trois religions monothéistes.
Les devoirs du cœur, sont un guide de la vie intérieure et du cheminement vers le divin et je trouve que certains passages s'appliquent tout à fait à notre société contemporaine de l'apparence, en particulier celui-ci où il parle de ceux qui jettent l'invective et divulguent la méchanceté de ceux qu'ils considèrent comme inférieurs sur le plan spirituel :
" Comment mépriserai-je et confondrai-je ceux dont j'ignore le coeur, la conscience secrète et ce qu'ils sont devant Dieu; la vie intérieure d'un homme, extérieurement méprisable, peut donner un lumineux démenti à son apparence. les prophètes ont confondu et exhorté leurs contemporains par la permission du Seigneur qui voyait leur coeur et leur intime vilenie. Je suis trop ignorant pour pénétrer les consciences ; celle qui me paraît méprisable, peut être à mon insu meilleure que ce qu'elle laisse voir, et meilleure que je ne le suis devant Dieu. Si un tel me semble mauvais, la cause peut en être simplement due à son ignorance de ses obligations divines, et cela le rend-il plus excusable que je ne le suis dans ma science. Dieu juge l'homme selon ce qu'il sait et je suis plus coupable de mes transgressions préméditées que ne peut l'être celui qui agit par ignorance ; celui-ci se rebelle contre Dieu par aveuglement et inadvertance ; moi, j'agis de propos délibéré, avec toute ma lucidité. Il est également possible que sa méchanceté soit une apparence recouvrant un bien caché, enfoui, contrairement à ce qu'il en est pour moi ; lui étant ainsi plus digne de la miséricorde et du pardon de Dieu ; un seul de ses mérites vaut peut-être mieux que les miens car Dieu seul le connaît et nul ne le loue ni ne l'honore ; il n'en est pas ainsi pour moi dont l'aspect seulement est plus reluisant." (p. 361, ed. Daniel Radford)
Je pense que l'on peut lire ce texte sur plusieurs plans et qu'il est tout à fait d'actualité. Bonne méditation.