Quand les cordages fatigués par les marées
vont se noyer dans l'eau du port
coule la sève d'une pourrissante beauté ...
Ariaga
Quand les cordages fatigués par les marées
vont se noyer dans l'eau du port
coule la sève d'une pourrissante beauté ...
Ariaga
Photo Éphême (Francois-Marie Callot)
La peur concerne tous les êtres humains, dont j'espère faire partie , quoique ...parfois ... Je pense qu'elle est un des principaux obstacles à une alchimie spirituelle faite de transmutation du négatif au positif. Voici quelques idées, en vrac, juste destinées à alimenter la réflexion des lecteurs.
- La peur est comme un serpent qui se mord la queue . Un cercle vicieux, qui part de nous et revient à nous. Une espèce néfaste d'Ouroboros alchimique.
- La plus grande peur est la peur de la peur ; la peur de ce qui pourrait arriver et qui correspondrait à aucun des scénarios élaborés par notre mental : Peur de perdre, peur de ne pas pouvoir acquérir, peur de recevoir.
- Peur fondamentale de ce qui n'est pas déjà connu, de ce qui n'est pas RE-présenté et ne peut nous projeter dans un futur rassurant construit à partir d'éléments déjà présents à la surface de notre conscience. Dans ce futur de Bisounours il ne se passerait rien que nous n'ayons expérimenté et surmonté.
Que faire ?
Contre la peur animale, viscérale, nécessaire à notre survie, nous ne pouvons rien. Juste la reconnaître pour ce qu'elle est : salutaire. Le bond que je fais pour échapper à un danger peut me sauver la vie.
Contre la peur psychologique, qui est un grand handicap sur le chemin de l'évolution spirituelle, et nous fait nous recroqueviller dans notre petit moi, je crois qu'il est important, pour commencer, de ne pas la considérer comme un étranger ennemi. Il faut la regarder bien en face, au moment présent, l'observer aller et venir, puis repartir sans imaginer tout ce qui pourrait bien arriver. Le réel suffit !
Vous me direz, c'est facile à écrire mais bien plus difficile à réaliser et vous aurez bien raison. Je l'expérimente tous les jours, mais on peut toujours essayer ...
Ariaga (Ariane Callot)
Devenir vieux, c'est se percher sur le piédestal du grand âge pour dire des paroles de sagesse.
Devenir vieux, c'est faire de ses opinions des certitudes, des dogmes sa religion, adhérer , oublier la beauté du paradoxe.
Devenir vieux, c'est avoir peur de son ombre et encore plus de l'ombre de l'autre; se réfugier sous les vieux oripeaux du petit soi.
Devenir vieux, c'est ne plus voyager dans l'imaginaire et voir son monde se rapetisser comme une peau de chagrin ...
Ariaga
La relation à la nature peut être extérieure ou intérieure, ou les deux.
Je me promène dans les bois ou le long d'une plage, je respire l'odeur de l'humus ou de la mer, je me couche dans l'herbe. Je reçois la nature de l'extérieur.
Je suis dans les pas de C.G. Jung et je tente de lire en moi par l'intermédiaire de l'analyse et de l'interprétation du rêve, j'approche la Nature de l'intérieur car il y a toujours un moment où émergent les re-présentations venues du temps où la nature et l'homme étaient étroitement liés.
Je suis dans la nature et je fais silence, je médite pour laisser advenir ce qui me relie à la Totalité, alors mon contact avec la Nature est à la fois intérieur et extérieur.
Avant de vous donner un itinéraire dans Psychologie et Alchimie de C.G.Jung, je dois préciser que ce que je vais proposer ici dans les semaine à venir ne sera en rien un travail de recherche sur cet ouvrage. Je vais juste, comme on s'éclaire avec une lampe dans un forêt obscure, proposer des flashs sous forme de citations prises dans les différentes partie de ce livre qui compte 705 pages.
Aujourd'hui, je vais simplement vous donner une petite idée du contenu du livre, ce que l'on appelle la table des matières. Évidemment je ne m'adresse pas à ceux qui ont l'ouvrage dans leur bibliothèque. Il me sera ensuite plus facile de situer mes discrets prélèvements à cette énorme somme de connaissances.
1)INTRODUCTION À LA PROBLÉMATIQUE RELIGIEUSE ET PSYCHOLOGIQUE DE L'ALCHIMIE.
Cette partie est destinée à ceux qui ne sont pas familiers des œuvres précédentes de Jung. Il propose un cours accéléré en 57 pages. C'est dense et riche ...et il est difficile de choisir parmi ce qui est écrit sur des sujets tels que l'âme, l'archétype de l'image de Dieu, l'imitation du Christ, les présupposés religieux, la totalité, la symbolique alchimique etc. etc.
2) SYMBOLES ONIRIQUES DU PROCESSUS D'INDIVIDUATION.
Dans cette partie, d'environ 240 pages, Jung décrit les matériaux et la méthode qu'il a utilisés pour étudier une très significative série de rêves. Il raconte et analyse d'abord, ce qu'il appelle les "rêves initiaux" et ensuite les rêves qui participent à la construction d'un mandala onirique, la célèbre vision de l'Horloge du Monde. Cette analyse est suivie d'un chapitre remarquable sur les symboles du Soi qui est, pour moi, une source inépuisable. J'ai déjà utilisé certaines citations dans d'anciennes notes mais on peut toujours y revenir.
2) LES CONCEPTIONS DU SALUT DANS L'ALCHIMIE.
Dans cette troisième partie, longue et "touffue", Jung nous décrit les concepts de base et les processus de l'alchimie. Il insiste sur la nature psychique de l’œuvre alchimique se traduisant par les projections, l'attitude mentale, le rôle de la méditation et de l'imagination les relations âme/corps.
Il décrit ensuite L’œuvre , son matériau, ses degrés, les mythes et beaucoup d'autres symboles apparaissant dans les textes alchimiques. Tout ceci est très détaillé et offre des trésors au chercheur.
Vient ensuite un long parallèle entre le Lapis (la Pierre alchimique) et le Christ, avec les témoignages d'alchimistes et de traités alchimiques connus.
Enfin, une partie sur la symbolique alchimique dans l'histoire des religions. Après avoir montré que l'inconscient est la matrice des symboles, Jung cherche un paradigme et choisit le thème de la Licorne étudié dans diverses religions ou traditions.
Jung conclut par un ÉPILOGUE d'une dizaine de pages qu'il faudrait citer en entier tellement il est passionnant. Je pense que celui qui lirait l'introduction et cet épilogue serait déjà bien enrichi intérieurement.
L'ouvrage contient évidemment de nombreuses illustrations alchimiques, bibliographie, index ...le tout très copieux.
Voilà. Dans les notes qui vont suivre, je vais tenter, avec des citations, de vous donner à gouter un peu de cette nourriture. Vous pourrez picorer, au hasard, et peut être que cela stimulera votre réflexion.
Ariaga
Cette oie que l'on pourrait dire timide, serait-elle sans le savoir une adepte de la psychologie des profondeurs de ce cher Carl Gustav JUNG ? Quels archétypes chercherait-elle alors dans les vases obscurs des eaux secrètes ?
Ariaga
"Ce qui est un remède pour l'un peut être un poison pour l'autre. On ne peut arriver à une vie saine et accomplie par l'application de règles et de principes généraux, car c'est toujours à l'individu de l'assumer. La solution est en chacun, et si vous savez vous y prendre dans votre propre cas, vous savez aussi comment faire dans d'autres cas. Il n'existe pas de principe général qui s'applique partout, et chaque position psychologique n'est vraie que si vous pouvez aussi la retourner en son contraire. Ainsi une solution qui serait tout simplement impossible pour moi peut se révéler la plus juste pour quelqu'un d'autre. Je ne suis pas l'arbiter mundi, et je laisse le créateur engager lui même la réflexion sur la diversité et les paradoxes de sa création."
C.G.Jung, Correspondance, tome 5, p.64.
" Chacun en reste à son point de vue et s'imagine posséder la vérité unique ; c'est pourquoi je propose que l'on soit plus modeste ou, en d'autres termes, disposé à admettre que Dieu puisse s'exprimer en des langues diverses. Mais ce sont les théologiens de toutes les espèces possibles qui ligotent le bon Dieu et lui prescrivent comment à leur avis il doit être fait. Cela ne mène pas à la moindre compréhension entre les hommes, or c'est d'elle que nous avons aujourd'hui un besoin urgent. "
C.G.JUNG, lettre du 8 juin 1957.
Sur le plan de l'expression des idées, si certaines personnes deviennent craintives en vieillissant et ne veulent surtout pas abîmer l'idée qu'elles se font d'elles même, et surtout l'image qu'elles veulent proposer à autrui, il en est d'autres que la vieillesse libère. Elle donne la liberté d'exprimer ses idées sans se soucier des conséquences sur une carrière et rend plus indifférent à la critique. C.G.JUNG me semble un bon exemple de cette évolution.
Jung a longtemps eu des réponses ambiguës à certains problèmes d'ordre psychologique ou philosophique. Je pense que la complexité de son attitude pouvait s'expliquer à la fois par son goût du paradoxe et par la dualité entre un Jung très rationnel, voulant limiter ses propos au domaine empirique, et un Jung affectif, sujet à des émotions et des intuitions. À partir de sa grave maladie en 1944, il approchait des soixante dix ans, il a laissé plus librement cours à son affectivité car l'opinion d'autrui lui était devenue parfaitement indifférente.
Dans les dernières années de sa vie, alors qu'il est toujours aussi "brillant" intellectuellement, il considère comme un "devoir éthique" de dire ce qu'il pense et ressent, même si ce n'est pas vérifiable scientifiquement. Il a même décidé de toucher au domaine religieux, ce qui n'est pas aisé pour un médecin. Dans son ouvrage tellement controversé Réponse à Job, publié en 1952, il écrit :
"Ce n'est pas sans motif que j'ai moi-même attendu d'avoir soixante seize ans avant d'oser réellement me rendre exactement compte de la nature de ces "représentations supérieures" qui décident, de façon infiniment importante pour la vie quotidienne, de notre comportement éthique."
Il avait conscience de la tempête que déclencherait un livre où il est dit que les contraires sont contenus en Dieu, que l'on ne peut pas négliger sa face obscure, et, chose encore plus sulfureuse, que l'élément féminin manque à la totalité divine ! Et pourtant il n'a pas hésité et a été bombardé de critiques ... auxquelles il a répondu avec virulence ...
J'espère que l'exemple de Jung consolera tous les amis lecteurs qui, comme moi, commencent à sentir le poids des années : Vieillesse = liberté d'expression.
Ariaga