Le fait de rêver souvent n'a en soi rien d'anormal. Beaucoup de gens ont une vie onirique très active, sans que l'on puisse dire que ce soit en rien extraordinaire ou pathologique. Par contre, lorsque des gens qui rêvent habituellement très peu entrent dans une phase où ils rêvent beaucoup, on peut en conclure sans risque d'erreur qu'il s'est produit une sollicitation anormale de l'inconscient, d'ordinaire en raison de l'existence d'une situation problématique qui n'est ou pas bien comprise, ou pas maîtrisée par l'intéressé. Dans ces cas-là on peut dire que l'inconscient aurait toute sorte de choses à apporter à la vie consciente, à condition toutefois que la conscience comprenne ce que veut dire l'inconscient. Une telle activation de l'inconscient n'est pas non plus en soi un fait pathologique. C'est seulement quand le rêveur est grandement perturbé par les rêves, par exemple dans son sommeil, et que de surcroît il se sent nerveux durant la journée, que l'on peut parler de trouble de l'équilibre mental. Mais même cela ne constitue toujours pas un fait inquiétant, car l'équilibre peut pendant quelque temps être troublé fréquemment sans qu'il faille pour autant craindre des dommages importants.
C.G. Jung, Correspondance, tome 1, p. 240-241 (Lettre à un correspondant allemand du 21 décembre 1934)
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