Reflet du froid miroir
frontière du regard
elle voit le paysage
de son visage
lentement disparaître
Dans la nuit de la destruction.
Dévêtu par le temps
rouillé par l'eau puissante des plaisirs et des larmes
labouré par le croc de la grande exigence
parcouru par les pistes du rire et de son ombre
elle le voit se défaire
comme tombent les pierres
d'un très vieil édifice.
Et puis venu des strates des âges de son âme, vient un nouveau reflet.
Voici l'ultime image
le dernier paysage
destruction transition
dernière initiation
voyage reconstruction
vers cet ancien visage
le visage oublié
d'avant sa naissance.
Et la glace reflète le sourire infini
d'un enfant qui n'est pas encore né.
Ariaga
J'ai réuni pour vous, amis lecteurs, quelques poésies ayant pour thème la musique dont j'ai reçu le cadeau de l' inspiration à différentes périodes depuis les débuts du blog .
La musique est une fleur qui s'épanouit en vibrations fines et pénétrantes
La musique est un art total de l'esprit et des sens.
La musique est langage, chant, architecture, nombres, cathédrale des sons, ordre, harmonie, géométrie sacrée.
La musique se regarde quand le rêve éveillé se nourrit de ses notes.
La musique est onde cosmique qui se propage jusqu'à la chair et pulse le sang au rythme de l'amour.
La musique est instant et pause dans l'instant, répétition, assuétude quand s'écoutent encore et encore les mêmes notes indispensables.
La musique se fait au bout des doigts qui jouent sur la table, sur la chair sonore des genoux frappés, avec les mains brûlantes qui battent les tambours.
La musique berce, endort, excite jusqu'à l'extase. Hautaine, elle valse dans les salons, joyeuse, elle trille comme un oiseau.
La musique casse les voix andalouses pleurant l'amour perdu et crie la souffrance des peuples opprimés.
La musique est parfois silence tout gonflé des sons retenus.
La musique est.
***
Sortir de chez soi,
fuyant les lumineuses chimères,
arracher de ses doigts tremblants,
arracher jusqu'au sang,
les pierres du mur de la peur.
Avancer sans parures,
vers le lieu des épousailles du ciel et de l'abîme,
et sourde au caquetage mental,
ne plus entendre que la note qui caresse l'âme,
la note ruisselante
de l'Unique Musique.
***
C'était avant le temps,
quand la scène était déserte.
Le cosmique, qui était et n'était pas, retenait son souffle et soudain, dans une grande expiration, il a posé ses partitions sur le pupitre et habité les chaises du quatuor.
Terre, eau, air feu.
Les musiciens de la nature ont d'abord joué dans la pénombre,
joué les notes de la copulation des ténèbres et de la lumière,
joué les notes de la lutte sauvage des éléments,
Joué à mourir et à renaître.
Puis,
s'est allumé le soleil intérieur et l'amour, porté par le son de la note unique, est arrivé sur la pointe des archets pour célébrer les noces mystiques du Roi et de la Reine.
***
Quand vibre la note intérieure
L'inouïe fleur de l'ouïe s'épanouit
Les rires purs éclatent tout nus
Les couleurs chantent leur fusion
Et l'on arpège au bout du son
Spiralant
Balançant
Dans un bain de fréquences
Sur des cordes vibrantes
lianes de lumière
Surfant l'univers
Jusqu'au son primordial
Là où pulse la Source.
Ariaga
Elle est elle, elle est lui, amour de sa vie, parti sur un autre plan de conscience.
Elle est lui, cet homme sans nom dont elle ramasse le regard perdu.
Elle est elle, cette femme sourire qui verse du miel sur les brûlures.
Elle est l'enfant larmes et rires.
Elle est l'animal dont les membres se brisent sur le chemin de l'abattoir.
Elle est le chat bien nourri ronron sur canapé.
Elle est tous et personne, elle est poussière de Totalité mais, sauvée de la dissolution par l'Amour Véritable, elle devient Unité dans l'infini Cosmique.
Ariaga
Photo Yann
Je me suis un peu trop étalée ces derniers temps dans les notes du Laboratoire alors je vais aujourd'hui m'effacer devant plus sage que moi et vous proposer quelques extraits de la poésie de Krishnamurti. Je les ai trouvés dans un livre sur Krishnamurti de Robert Linssen.
"Le vent du désert balaie la trace du voyageur ...
Seul s'exprime le pas du présent.
Le passé, le futur : du sable lissé par le vent ..."
*******
"Je suis comme la mer qui reçoit
des rivières limpides et des fleuves souillés,
et n'en a cure."
*******
"Je LE vis qui me regardait
et ma vision devint immense.
Mes yeux s'ouvrirent, mon intelligence comprit
Mon coeur embrasa toutes choses,
Car un amour nouveau était né en moi
Je voyais à travers LUI
Les grands arbres qui s'inclinaient pour l'accueillir
Les feuilles sèches, la boue du chemin
L'eau transparente, les branches mortes
Les villageois bavards, chargés de lourds fardeaux
Passaient à travers LUI.
Sans le savoir et riant
Les chiens, à travers LUI, couraient vers moi en aboyant.
le Jardin devint un pays féerique
Où les fleurs étaient des fées"
"Mon Bien-Aimé regarde par mes yeux ...
Car maintenant, mon Bien-Aimé et moi sommes UN".
Quand la lumière est absente ou incertaine et que pour un temps on demeure dans l'envers du bonheur.
Quand une vitre d'angoisse nous sépare de la beauté de ce qui est.
Quand on ne sait plus déguster la saveur de la vie et que l'on remâche sans cesse le goût de l''amer.
Ce n'est rien, amis.
Rien que brindilles de moments qui n'attendent que la lumière du noir pour s'envoler et se consumer joyeusement dans l'inépuisable coeur de feu qui brûle au Centre de notre véhicule terrestre.
Ariaga
Photo prise au Musée des Automates de la Rochelle
Comme il est loin le temps, où elle jouait aux billes, avec le coeur fragile, d'inconsistants amants.
Comme il est loin le temps, où elle croyait savoir, qui était celle femme, improbable reflet, dans le froid du miroir.
Comme il est là le temps, où explose l'image, en ne laissant que ruines, qu'il va falloir raser, avant de reconstruire ...
Ariaga
Beauté de la carcasse, épurée par les flots, le soleil et la pluie,
semblable au vieux visage pétri par les années en sculpture d'une vie
et regardez amis, ce squelette blanchi, recèle encore l'espoir.
Et la pomme pourrie, vase d'une alchimie, nichée comme un joyau au coeur du tas de bois, a t-elle moins de beauté que sa soeur bien lustrée sur la coupe de fruits ?
La beauté de l'enfant, la beauté du vieillard, tout est dans le regard.
Ariaga
Ce n'est rien qu'un murmure ... du fleuve de l'esprit
un soupir d'écriture ...
mince fil de lumière ... tiré des failles obscures
tremblant à la frontière de la coupure ...
Et quand reviendra t-elle, enceinte et triomphante,
assoiffée d'aventure et de mots enlacés tissant la transparence ?
Ariaga