Proposé par Ariaga : Extrait d'une lettre de Septembre 1957, Vol IV de la Correspondance. Jung avait 82 ans et répondait à une question sur le problème du bruit.
... tel est le symptôme de dégénérescence de la civilisation urbaine, à quoi il nous faut ajouter aujourd'hui encore le bruit de nos auxiliaires techniques, qui use les nerfs. L'inquiétante pollution de l'eau, la radioactivité qui s'accroît lentement et la sombre menace de la surpopulation avec les tendances au génocide qu'elle entraîne, tout cela a déjà conduit à une angoisse généralisée bien que non encore généralement devenue consciente ; on aime le bruit, parce qu'il empêche cette angoisse de se faire entendre. Le bruit est bienvenu, car il couvre la voix intérieure de l'instinct qui nous avertit. Qui a peur recherche une société bruyante et un vacarme à faire fuir les démons. (Les moyens primitifs correspondants sont les vociférations, la musique, les tambours, la pétarade des feux d'artifice, le son des cloches, etc.) Le bruit donne un sentiment de sécurité, comme la foule ; c'est pourquoi on l'aime et l'on a peur d'entreprendre quelque chose contre lui car on sent d'instinct la magie apotropéique qui en émane. Le bruit nous protège contre les désagréments de la réflexion, il dissipe les rêves angoissants, il nous assure que nous sommes tous ensemble, n'est-ce pas, et que nous faisons un tel raffut que personne n'osera jamais nous attaquer ...