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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 12:05

Le Jung que j'aime, d'amour intellectuel mais je crois qu'il m'aurait séduite (et je n'aurais pas été la seule !)si je l'avais rencontré, n'a rien à voir avec le Jung théoricien qui est enseigné dans les "écoles jungiennes". Le mien est junguien. Pour vous montrer à quel point en sont les choses, il y a même une querelle au sujet de l'orthographe du mot. Je préfère la seconde, mais s'il m'arrive d'utiliser la première cela n'a pas d'importance. Je suis comme Etienne Perrot. Il avait son Jung à lui, un Jung intérieur. Alors, pourquoi est-ce-que j'écris mes petites notes sur ce que recouvrent certains termes employés par Jung ? C'est parce que j'aimerais éviter à ceux qui tomberaient comme moi en "amour" de Jung, hors du cadre des enseignements traditionnels, d'errer comme je l'ai fait à travers la jungle et les commentateurs d'un vocabulaire souvent mal compris parce que manquant d'univocité.

Il y a : le Jung que j'aime moins

- celui qui a souvent compliqué ce qu'il avait à dire, cédant à la mode de la scientificité pour qu'on le prenne au sérieux

- celui qui a si cruellement rompu avec Freud. La lecture de leur correspondance m'a tiré des larmes et les efforts de Freud pour garder près de lui son fils spirituel sont touchants. Jung était dur et avait tendance à balayer ce qui empêchait le processus de réalisation de son oeuvre et de son inconscient. Ce qui était la même chose car l'existence de Jung est une "oeuvre-vie".  

- celui qui a quasiment renié les superbes pages poétiques gnostiques des "sept sermons aux morts"  et les a traitées d'"erreur de jeunesse".

Le Jung que j'aime avec passion, mauvaise foi, aveuglément, enfin, comme on aime... c'est le Jung de près de soixante dix ans qui après une grave maladie pleine de délires, visions, extases mystiques, se décide à revenir dans un monde qui, pendant ces états intérieurs lui paraissait "tout simplement ridicule". Et il revient, transformé, pour accomplir pendant dix ans l'essentiel de l'oeuvre du Jung que j'aime. 

Il accepte de se soumettre à ses pensées et de les exprimer de manière nouvelle sans s'occuper de l'opinion des autres. Il accepte aussi d'être dans l'erreur et d'être dépassé, contesté, par d'autres qui viendront après lui. Il ne cherche plus à construire des "systèmes".  

Il remet en cause ses attitudes précédentes, sa manière de vouloir toujours forcer le destin et devient ce qui est, pour moi, un vrai philosophe. Il agit et écrit en se transformant et en faisant de toute action un OUI inconditionnel à la Vie, à "ce qui est".

Ce Jung en communion avec la Dieu et la Nature, alchimiste, mystique, visionnaire, pétri de contradictions, à la fois bon vivant et sauvage, n'a pas trop bonne presse auprès de ses héritiers officiels, mais c'est mon Jung à moi, celui que j'aime.

 

Ariaga

  P.S : J'ai un problème de typographie avec les a accent, ce ne sont pas des fautes d'orthographe !

 

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commentaires

L
Je serais assez d'accord avec Jean pour Freud mais là n'est pas le sujet. Un billet comme j'aime, loin des stéréotypes et des "écoles" comme tu écrit. Mais ne serait-ce pas (un peu) une note sur<br /> Ariaga?
A
Oui, Hécate, c'est un transe port ...
A
Merci, Jean pour ce commentaire qui me touche particulièrement.
H
Un transport ,un transfert....<br /> Une déclaration éloquente :)
J
Qu'il est bon Ariaga de conserver sa liberté de penser et de vivre et déclarer ton amour en sacrifiant une image de l'idole, voici qui lui aurait surement plu.<br /> J'entendais une vieille conférence de Perrot récemment, et il expliquait combien Jung aimait apparaître comme "Herr Professor" afin de camoufler le prophète qu'il était à sa manière...<br /> <br /> Pour la rupture avec Freud, j'ai ressenti le même malaise, jusqu'à ce que je lise la biographie de Deirdre Blair qui décrit l'anathème définitif et organisé de Freud contre Jung...l'énantiodromie,<br /> de l'amour à la haine.<br /> <br /> Amitiés,<br /> Jean