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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 16:43

 

Aujourd'hui, histoire de cogiter un peu, j'ai envie de vous offrir les toutes premières lignes d'un livre de Clément ROSSET, un philosophe vivant (eh oui ! cela existe ). Il s'agit de Le réel et son double (ed.Gallimard).

    " Rien de plus fragile que la faculté humaine d'admettre la réalité, d'accepter sans réserves l'impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu'il semble raisonnable d'imaginer qu'elle n'implique pas la reconnaissance d'un droit imprescriptible - celui du réel à être perçu - mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire. Tolérance que chacun peut suspendre à son gré, sitôt que les circonstances l'exigent : un peu comme les douanes qui peuvent décider du jour au lendemain que la bouteille d'alcool ou les dix paquets de cigarettes - " tolérés " jusqu'alors - ne passeront plus.  Si les voyageurs abusent de la complaisance des douanes, celles-ci font montre de fermeté et annulent tout droit de passage. De même, le réel n'est admis que sous certaines conditions et seulement jusqu'à un certain point : s'il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l'abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs."
 

       Ariaga.

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commentaires

I
Quand le réel dépasse l'entendement, l'être humain conditionné ne peut l'accepter à moins d'avoir un esprit très ouvert ou de lâcher prise.
J
Se contenter du réel, c'est un peu se condamner à mort...de par sa propre condition mortelle.<br /> <br /> Pour accepter le réel, peut être nous faut il le réinventer à chaque instant ?<br /> <br /> Jean
A
Intéressants commentaires. J'aime bien l'exemple de la voiture rouge et de la voiture bleue. C'est comme cela que l'on condamne des innocents sur un témoignage ...
A
Merci, peau d'âme pour cette belle poésie.
P
J'ai envie d'associer ces mots de Boris Cyrulnic, tirés de la fin de son livre "Autobiographie d'un épouvantail" : « Un épouvantail, lui, s'applique à ne pas penser, c'est trop douloureux de<br /> bâtir un monde intime rempli de représentation atroces. quand le réel est fou, la parole est incertaine. Le monde qui revient en lui ne sera supportable qu'à condition d'être métamorphosé. La<br /> poésie, le théatre ou la philosophie en feront une représentation tolérable. La rage de comprendre se transforme en plaisir d'explorer, la nécessité de fouiller l'enfer pour y trouver un coin de<br /> paradis se mue en aptitude à rencontrer des insuffleurs d'âmes."