Quand je réfléchis au chemin qui me reste à parcourir je crois que je suis trop chargée d'un bagage mental. C'est comme si j'avais rempli mon sac à dos de cailloux et oublié la nourriture. On ne change pas d'un coup, et les transmutations demandent de nombreuses distillations. Pour l'instant les enchainements de mes idées aboutissent souvent aux leçons que j'ai reçues en lisant Jung;lequel Jung avait reçu un enseignement qui l'avait impressionné pendant un voyage chez les indiens Puéblos (Ma vie, p. 286.). Jung échangeait avec le chef Ochwiay Biano et je vous donne un extrait de ce dialogue :
"Les Blancs désirent toujours quelque chose, ils sont toujours inquiets, ne connaissent point le repos. Nous ne savons pas ce qu'ils veulent. Nous ne les comprenons pas, nous croyons qu'ils sont fous !
Je lui demandai pourquoi donc il pensait que les blancs étaient tous fous.
Il me rétorqua : " Ils disent qu'ils pensent avec leur têtes.
- Mais naturellement ! Avec quoi donc penses-tu? demandai-je étonné.
Nous pensons ici, dit-il en indiquant son cœur. Je tombai dans une profonde réflexion ..."
Moi aussi, je tombe dans une profonde réflexion.
Ariaga