J'éprouve, comme C.G. JUNG, une certaine méfiance envers les philosophes et leurs théories mais aussi un vif intérêt pour les physiciens qui réfléchissent à des problèmes que l'on pourrait qualifier de métaphysiques, pour ne pas employer le mot mystique parfois un peu galvaudé.
F. David PEAT, un physicien anglais, spécialiste de la mécanique quantique, admirateur des théories de Jung sur la synchronicité, et collaborateur de David BOHM, a écrit un livre que j'ai lu et relu il y a quelques années et dont je voudrais vous citer quelques passages. L'ouvrage s'intitule : Synchronicité. Le pont entre l'esprit et la matière.
David Peat se fait l'écho de la recherche par certains physiciens d'un principe unifiant. Il nous fait voyager avec W. Pauli, I. Prigogine, D. Bohm, J. Wheeler, R. Sheldrake et naturellement C. G. Jung. Je ne peux, pour vous donner une idée de cet ouvrage passionnant et d'une lecture relativement facile que vous proposer quelques extraits. Les caractères gras sont un ajout de ma part et je crains que, hors de leur contexte, les mots perdent de leur sens mais tant pis, j'ai trop envie de partager cela avec vous.
"L'image suggérée par les mathématiques non linéaires est une image où l'univers apparaît comme une totalité une et indivise, et où ses structures existent en fonction d'un arrière plan plus large. Manifestement, cette image n'est pas loin de celle qui s'applique à la synchronicité. Par ailleurs, cette approche peut éventuellement intégrer l'esprit, puisque la conscience elle aussi peut être considérée comme provenant d'un plan plus profond, commun à la fois à l'esprit et à la matière. En ce sens, donc, on peut voir les modèles déployés de l'esprit et de la matière, qui sont observés lors d'un événement de synchronicité, comme émergeant d'un principe unique."
Comme il a été question de synchronicité (dont je vous ai déjà parlé) je vous propose ce qu'en écrit D. Peat :
"C.G. Jung a défini la synchronicité comme " la coïncidence dans le temps de deux ou plusieurs événements sans relation causale et ayant le même contenu significatif". Ce qu'il insinue est clair : certains événements dans l'univers se rassemblent dans des structures de signification, sans avoir recours au phénomène normal de cause-à-effet de la causalité. ces phénomènes synchronistiques doivent donc transcender les lois normales de la science, car ils sont l'expression de mouvements bien plus profonds, qui prennent naissance dans les fondements de l'univers et incluent d'une façon inséparable, à la fois la matière et la signification. "
J'ajoute à cette définition un passage qui me plaît car j'aime ceux qui pensent que les idées peuvent être plurielles, éventuellement contradictoires, et remises en question pour donner vie à d'autre idées :
"Toutes ces idées sont plus ou moins spéculatives et pourraient être développées dans de nombreuses directions. En résumé, on peut les voir comme une illustration décrivant comment l'esprit et la matière s'interpénètrent l'un l'autre à tous les niveaux de la nature. Elles montrent qu'il est possible d'imaginer un univers où le physique et le psychologique ne seraient plus séparés, et où la synchronicité serait complémentaire de la causalité ".
Dans la dernière partie du livre D. Peat évoque l'idée d'une source créatrice de la totalité qu'il appelle " l'origine sans nom " et dont on ne pourrait enfermer l'essence en pensée ou en mots :
"Si cette source est vraiment l'origine créatrice de tout le réel, alors comment est-il possible d'en parler ou bien même d'y penser ? Étant complètement inconditionnée et éternellement créatrice, elle devrait en effet se trouver en dehors de notre champ d'expérience. Pourtant les anciens affirmaient que " l'homme est la mesure de toute chose ". Et l'on interprétait cela, dans les traditions mystiques, en disant que " l'homme " est le microcosme dans lequel se reflète tout l'univers. De façon analogue, l'idée d'un ordre impliqué-involué suppose que le tout de la réalité est plié en chaque individu. Ainsi, le microcosme pourrait se présenter comme une succession de correspondances de tout l'univers, qui inclurait et irait encore plus loin que la conscience et la matière. Involué en chacun de nous se trouverait un principe implicite, qui serait entretenu par le flot éternel qui monte de la source sans nom de la créativité. "
Je vais rêver à cette source sans nom, j'espère que vous aussi.
Ariaga (Ariane Callot)