Dans le laboratoire de notre vie spirituelle les matériaux avec lesquels nous devons travailler sont ceux de la vie quotidienne et de la relation aux autres.
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Dans le laboratoire de notre vie spirituelle les matériaux avec lesquels nous devons travailler sont ceux de la vie quotidienne et de la relation aux autres.
Le fait de rêver souvent n'a en soi rien d'anormal. Beaucoup de gens ont une vie onirique très active, sans que l'on puisse dire que ce soit en rien extraordinaire ou pathologique. Par contre, lorsque des gens qui rêvent habituellement très peu entrent dans une phase où ils rêvent beaucoup, on peut en conclure sans risque d'erreur qu'il s'est produit une sollicitation anormale de l'inconscient, d'ordinaire en raison de l'existence d'une situation problématique qui n'est ou pas bien comprise, ou pas maîtrisée par l'intéressé. Dans ces cas-là on peut dire que l'inconscient aurait toute sorte de choses à apporter à la vie consciente, à condition toutefois que la conscience comprenne ce que veut dire l'inconscient. Une telle activation de l'inconscient n'est pas non plus en soi un fait pathologique. C'est seulement quand le rêveur est grandement perturbé par les rêves, par exemple dans son sommeil, et que de surcroît il se sent nerveux durant la journée, que l'on peut parler de trouble de l'équilibre mental. Mais même cela ne constitue toujours pas un fait inquiétant, car l'équilibre peut pendant quelque temps être troublé fréquemment sans qu'il faille pour autant craindre des dommages importants.
C.G. Jung, Correspondance, tome 1, p. 240-241 (Lettre à un correspondant allemand du 21 décembre 1934)
" J'ai travaillé pendant seize ans à ce livre. La rencontre avec l'alchimie, en 1930, m'en a détourné. Le début de la fin arriva en 1928, lorsque Richard Wilhelm m'envoya le texte de la Fleur d'Or, un traité alchimique. Le contenu de ce livre trouva alors le chemin de la réalité et je ne pus plus continuer d'y travailler. Cela pourra apparaître comme une folie à l'observateur superficiel. Et cela en serait devenu une si je n'avais pas su saisir et capter la force grandiose des expériences originelles. Grâce à l'alchimie j'ai pu finalement les intégrer dans un tout. J'ai toujours su que ces expériences-là renfermaient quelque chose de précieux, et c'est pourquoi je n'ai rien trouvé de mieux que de les consigner dans un livre "précieux", c'est à dire couteux, et de dessiner les images qui surgissaient lorsque je revivais ces expériences - aussi bien que possible. Je sais à quel point cette entreprise était terriblement inadéquate mais malgré un travail très prenant et tout ce qui me détournait d'elle, je lui suis resté fidèle, même si jamais une autre /
possibilité "
En 1959, deux ans avant sa mort, dans une postface au Livre Rouge (p.619)Jung explique pourquoi il a brusquement cessé d'y travailler à cause de sa rencontre avec l'alchimie. Le texte s’interrompt subitement.
Ariane Callot
C.G. JUNG écrit :
" Dès lors que l'archétype est sollicité en un certain lieu, il est aussi activé comme un tout, c'est à dire partout simultanément, car il est universel et reste donc identique à lui-même toujours et partout. C'est pourquoi un vieil alchimiste pouvait consoler un de ses disciples en ces termes : " Quels que soient ton isolement et la solitude que tu ressens, si tu fais vraiment et consciencieusement ton travail, des amis inconnus viendront te chercher. "
Il me semble que jamais aucune réalité essentielle n'a été perdue car la matrice correspondante reste présente en nous, et de là elle veut et peut renaître lorsque c'est nécessaire. Mais seuls peuvent la recouvrer ceux qui ont appris l'art de détourner leurs yeux de la lumière aveuglante de l'opinion commune et leurs oreilles du bruit des slogans éphémères. " (p. 206, Correspondance, V).
Dans transmutation il y a mutation ce qui implique un déménagement. Je ressens fort l'importance du terme mutation. Je suis mutée, par ordre du Cosmique, en un autre lieu où je suis appelée à une autre vie, à d'autres relations, à un autre service envers autrui. La transmutation, changement d'une chose en une autre n'est pas, dans le cas de mon déménagement, une altération de la forme de mon corps mais une autre manière d'être extérieure et intérieure. On pourrait faire un rapprochement (un peu hardi!) avec cette transmutation de valeurs (unwertung) qui est plutôt une transvaluation, dont parle Nietzsche. C'est la promesse d'une vie nouvelle.
Je crois que l'on pourrait aussi dire que, comme pour l’œuvre alchimique, il y a dans le déménagement, dont le but est l'inatteignable installation parfaite dans le nouveau lieu, des degrés. Cela ne se passe pas toujours dans l'ordre car, dans mon cas, la distillation, cinquième degré sur les sept, a précédé le premier degré, la calcination. En effet, J'ai pour habitude, quand je déménage, de me séparer de la moité de ce qui ce trouve dans les placards (hors livres) car, en regardant bien, je m'aperçoit que c'est parfaitement inutile. C'est une forme de distillation !
" Voyez vous, je me regarde moi-même, dans le silence de Bollingen, avec bientôt huit décennies d'expérience de la vie, et je suis obligé d'avouer que je n'ai pas trouvé de réponse claire à la question que je suis. Je suis et je reste dans le doute sur moi-même, et cela d'autant plus que j'ai davantage essayé d'exprimer des choses précises. Tout se passe comme si, ce faisant, on s'éloignait encore plus de la connaissance de soi même ! "
C.G.Jung
(Correspondance, t.III, p.233)
" J'ai reçu il y a peu de temps une lettre d'une patiente décrivant la transformation nécessaire en termes simples mais pertinents. Voici ce qu'elle dit : " Du mal il m'est sorti beaucoup de bien. En demeurant calme, en ne réprimant rien, en étant attentive, et, ce qui va avec le reste, en acceptant la réalité — les choses comme elles sont et non comme je voudrais qu'elles soient —, il m'est venu des connaissances singulières, et aussi des pouvoirs singuliers, tels que je n'aurais jamais pu me l'imaginer auparavant. Je pensais toujours que si l'on acceptait les choses, les choses nous dominaient d'une manière ou d'une autre ; mais en réalité il n'en est rien, c'est seulement en les accueillant qu'on peut fixer sa position par rapport à elles. Désormais je jouerai donc le jeu de la vie en acceptant ce que la journée et la vie m'apportent à tout instant, bien et mal, soleil et ombre qui alternent d'ailleurs constamment, et en même temps j'accepte aussi mon être propre avec ce qu'il a de positif et de négatif, et tout devient plus vivant. Que j'étais donc sotte! et comme je voulais obliger toutes choses à aller à mon idée! "
p. 66 du livre de CC.G. JUNG : Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or.
Jung pense que les concepts métaphysiques sont, non seulement inutiles mais qu'ils empêchent le développement psychique. Voici ce qu'il écrit dans son livre Aïon (p.49).
"Les concepts métaphysiques ont un jour perdu leur capacité de rappeler et d'évoquer l'expérience originelle, et non seulement ils sont alors devenus inutiles, mais ils ne se révèlent plus désormais que comme de véritables obstacles sur la voie d'un développement ultérieur. On s'agrippe à des possessions qui ont autrefois représenté de la richesse et, plus elles deviennent inopérantes, incompréhensibles et sans vie, plus on s'accroche à elles. (On ne s'accroche naturellement qu'à des idées stériles ; celles qui sont vivantes ont suffisamment de contenu et de richesse pour qu'on ait pas besoin de s'y accrocher.) Ainsi, avec le temps, ce qui était rempli de sens se change en absurdité. Tel est malheureusement le destin des idées métaphysiques."
Quand des pensées nouvelles émergent du silence, leurs rayons de sont pas l’œuvre de la vile matière des recommencements mais d'une merveilleuse et précieuse substance source de la création.
C'est alors que l'eau croupissante du quotidien devient une Eau-de-Vie qui anime jusqu'au cœur celui qui la boit. On raconte que, sur certains chemins, on peut le rencontrer, ivre de désir, sur des routes frôlant les précipices, revêtu de souffle, balbutiant de confuses paroles au sujet de sa grande faim d'une merveilleuse substance dont il ne peut oublier la saveur après en avoir reçu un jour une précieuse goutte de hasard.
J'ai reçu quelques volées de pierres sur les chemins de la vie mais je les ai ramassées et m'en suis fait des colliers plus beaux qu'une rivière de diamants.