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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 12:42
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La nature aussi peut être créatrice, témoin ce mandala "unique" dans une coupe de bois.
 

     Ce qui rend l'homme supérieur à la machine, c'est qu'elle organise mais ne rend pas plus que ce qui lui a été donné. La décision subjective, est très différente. le Décideur, dont je vous ai déjà parlé, crée lui même, en l'imaginant, le champ de ses choix. Ce champ des choix va habiter son imagination jusqu'au moment où tout se groupera autour d'un schéma original. Il y a alors une solution qui est en même temps dissolution (on n'est pas loin de l'alchimie) et naissance d'un nouvel état de choses.

   Si l'on admet que créer, c'est introduire dans le monde un élément nouveau, ne pas copier un modèle existant auparavant, alors la décision ainsi envisagée est une création. L'introduction de nouveaux éléments d'organisation peut même conduire à l'oeuvre de génie car c'est en organisant d'une manière particulièrement originale les éléments d'un donné qu'un Bach ou un Rimbaud parvinrent à composer des oeuvres inimitables.

   Dans la phase qui mène à la décision créatrice, il n'est pas question de logique. Le Décideur part d'une série de connaissances acquises, (le  "matériau" de l'alchimiste) plus ou moins inconscientes, qui, grâce au travail de l'imagination, suivi d'une mise en ordre, aboutiront à la sélection d'une solution. Le système d'association qui mène à la décision créatrice est infra-logique. C'est à dire qu'il se soucie peu de grande cohérence et de non-contradiction.  C'est dans cette anarchie que le Décideur trouvera une manière nouvelle et personnelle d'agir. Alors vous allez me dire qu'il suffit d'être incohérent pour être génial. Ce serait trop beau ! en effet, sans le retour à une certaine forme de logique la décision ne pourrait être vraiment créatrice.

   Il est aisé d'imaginer n'importe quoi dans une phase d'"illumination" mais pour que la prise de décision soit effective il faut "redescendre" au stade de la réalisation concrète. La décision choisie doit comporter suffisamment de possibilités de réalisations effectives pour sortir du domaine de la pure fiction. Les produits de l'imagination ne passeront au stade du possible que chez ceux qui sont capables de soumettre leurs idées aux impératifs des signes sociaux, tels que l'écriture et la formulation cohérente. C'est la possibilité d'une action qui donne sa valeur qu travail mental d'une décision. Mais il ne faudrait surtout pas confondre possibilité avec automatisme, facilité. Au contraire, le choix le plus créateur est généralement celui qui conduit à une action " contre " ce qui existe déjà.

    Je crois que l'un des facteurs essentiels de la création est le mécontentement du monde extérieur, des choses acquises, du donné. C'est l'insatisfaction qui  pousse à créer du nouveau. J'aime ce que VALERY écrit à ce sujet en donnant la vedette à la part du rêve : "Je veux dire que l'homme est incessamment et nécessairement opposé à ce qui est par le souci de ce qui n'est pas et qu'il enfante laborieusement, ou bien par le génie, ce qu'il faut pour donner à ses rêves la puissance et la précision même de la réalité, et, d'autre part, pour imposer à cette réalité des altérations croissantes qui la rapprochent de ses rêves."

Finalement, la décision créatrice reflète l'antagonisme qui est le moteur même de la vie. Il faut avoir le sens de la contradiction pour prendre des décisions qui ne soient pas de simples sélections machinales. La décision créatrice demande de la force, de la ténacité, une capacité de lutte sans laquelle l'imagination la plus vaste, l'intelligence la plus brillante ne peuvent rien produire. Mais c'est aussi la présence féconde des autres qui pousse le créateur à innover. On décide contre les autres mais aussi avec eux. Et cela aussi c'est la vie car si la vie est faite d'antagonismes elle est aussi faite de relations entre les contraires dans le but de parvenir à des conjonctions. (Là je dérape un peu vers l'alchimie et la psychologie des profondeurs).

                    Ariaga
 

 

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commentaires

A
<br /> Entendu, Ariaga. Merci pour cette réponse, qui même courte, prend déjà un peu de temps. Je comprends que la création se fasse, d’un certain point de vue, en opposition à quelque chose. Et si les<br /> mots et les explications sont les bienvenus, s’ils ont leur utilité, ils ont également leurs limites dans l’expression de certaines réalités ou de certains ressentis, etc… Alors opposition et<br /> adhésion-plénitude sont peut-être deux des mamelles de la création. :-)<br /> <br /> <br />
A
<br /> Je crois qu'il s'agit d'un angle de vison différent qui mériterait des développements. Je n'ai hélas pas le temps et je ne veux pas écrire des bêtises. Merci pour ces commentaires si intéressants.<br /> <br /> <br />
A
<br /> « Au contraire, le choix le plus créateur est généralement celui qui conduit à une action " contre " ce qui existe déjà. » « C'est l'insatisfaction qui pousse à créer du nouveau. » (Ariaga)<br /> Est-ce que créer n’est pas toujours réaliser une synthèse. Unir et rassembler après avoir choisi et laissé de côté ce qui ne participera pas à l’expression de cette synthèse finale. L’élan vers la<br /> synthèse créatrice est-il toujours en opposition à ce qui est déjà ? Oui, si l’on admet que ce qui vient en complément ou simplement « en plus » est de l’ordre de l’opposition. La création ne<br /> peut-elle être simplement l’expression de quelque chose d’inexprimé au sein du plus vaste que nous et qui veut s’exprimer à travers nous, nous mettant en situation de grossesse créatrice pour que<br /> nous en accouchions ici-bas ? La naissance de la nouveauté… « l’enfant qui vient au monde », est-il toujours issu d’un mécontentement, d’une opposition à, d’une insastisfaction ? Ne peut-il être<br /> également l’expression inédite d’une d’adhésion, d’une plénitude, d’un débordement du trop-plein, d’une joie, d’une reconnaissance… ? Peut-être n’ai-je pas bien compris ce que vous appelez<br /> antagonisme ? Faut-il l’entendre comme « polarité » ? Et l’insatisfaction serait issue du sentiment qu’il manque quelque chose à la manifestation, c’est à dire cela même que nous sommes poussés à<br /> mettre au monde par le biais de la création ?<br /> <br /> <br />
M
"Mais c'est aussi la présence féconde des autres qui pousse le créateur à innover. On décide contre les autres mais aussi avec eux. Et cela aussi c'est la vie car si la vie est faite d'antagonismes elle est aussi faite de relations entre les contraires dans le but de parvenir à des conjonctions"... <br /> <br /> Tu ne peux savoir, Ariaga, combien je suis heureuse d'entendre ces mots là... que serions-nous, que déciderions-nous, que pourrions nous "créer" sans le phénomène puissant de la présence d'autrui... antagonismes, conjonctions... empathie... sans "cet autre" qui nous permet de mieux "nous voir" nous n'aurions jamais la perception de l'existence...<br /> Merci.