Au bout du promontoire
Quand j'ai posé ma main sur la pierre humide
De la vieille croix granitique rongée de larmes
Elle a bruissé les soupirs des femmes
En attente devant la mer nue.
Les goélands au ventre blanc ont crié l'histoire
De celles en noir
Scrutant la profondeur sombre des eaux
Les soirs de lune ces femmes pieuses
Armées de leur chapelet
Croyaient apercevoir dans les gerbes d'écume
Echappés pour un soir du purgatoire de noyés
Les spectres de leur aimés
Levant leurs bras transparents pour crier leur détresse
Veuves avant d'être mères
Mères aux corps oubliés
Seules dans l'odeur rancie des lits clos elles avaient prié si fort que parfois
Pour un instant béni
Revenait la chaleur de leur amour perdu
Et je crois oui je crois
Comme ces femmes en noir
Que ces âmes transies arrachées à l'errance
Montaient au Paradis
Ariaga