Après avoir tout d'abord employé la méthode de S. Freud des "associations libres", C.G.Jung a considéré que cette méthode ne rendait pas compte de l'ensemble du rêve car elle ramenait inéluctablement aux complexes des sujets, alors que ces complexes ne faisaient pas obligatoirement partie du rêve. Il a alors décidé de "décomposer" les rêves pour en extraire toute leur substance et tenter d'en établir le sens, ou plutôt les sens aux différents niveaux d'interprétation (que nous verrons demain). Il prenait chacun des éléments d'un rêve et, sans opinion préconçue sur la manière dont l'image était arrivée là, procédait, en tournant autour, à l'approfondissement du sens de l'image. Il appela sa méthode l'"amplification".
Mais Jung trouvait encore insuffisante la technique de décomposition du rêve en ses éléments, réminiscences et motivations. Pour lui, cette façon de procéder atteignait ses limites au moment où, je cite, : "les symboles oniriques ne se laissent plus réduire à des réminiscences ou à des volitions personnelles, c'est-à-dire que surgissent des images de l'inconscient collectif."Il y a en effet des images qui semblent n'avoir que très peu de sens si on les rapporte au rêveur. Pour qu'elles prennent toute leur signification il faut chercher dans des directions qui peuvent apparaître comme complètement étrangères aux associations conscientes faites par le rêveur. Par l'amplification on recueille des tas de données et ensuite on cherche une "expression générale compréhensible".
On peut dire, au sujet de cette technique d'interprétation, que Jung continua le travail de Freud, en l'élargissant. Il est cependant un point sur lequel leurs vues divergent.
Freud a, selon Jung, entrepris une démarche courageuse pour donner un sens au rêve mais il a effectué ses observations dans le champ de la psychopathologie. Il pense que les rêves, tout comme les névrosés, sont dissimulateurs. Les rêves seraient alors "une simple façade derrière laquelle quelque chose est intentionnellement caché." Jung réfute fermement cette vision de la psychologie du rêve. Pour lui, le rêve est un "évènement naturel". L'inconscient est autonome, il a son projet et on ne voit aucune raison valable pour qu'il soit une "invention rusée" destinée à nous tromper ; il ne dissimule pas, il expose. C'est pourquoi il faut éviter de l'analyser avec trop de hardiesse ou de défiance. On doit simplement l'accueillir, tel qu'il se présente, et le contempler pour, finalement, prendre conscience de ce qu'il exprime dans sa totalité.
Ariaga