Ariaga vous propose aujourd'hui une citation d'Étienne Perrot extraite de son livre La voie de la transformation (ed. la fontaine de Pierre, p. 61)
" Les Anciens attachaient peu de prix à la méthode philologique qui est la nôtre et qui cherche à établir l'origine des noms en relevant leur provenance historique. Leur vision du monde n'était pas causée par l'enchaînement causal que découvre la raison, mais sur la parenté de toutes choses que révèle l'attention aux messages de l'âme profonde, et par suite les lois qui retenaient leur attention étaient celles des correspondances, des analogies, sources d'harmonie et de beauté. Ils ne disaient pas : " tel mot vient de tel autre ", mais " tel mot est comme tel autre " Ainsi, au lieu de démontrer que " feu " vient du bas latin focus , ils se seraient plus à noter que " feu " ressemble à fou, parce qu'un fou, jouet de l'inconscient, est comme une flamme incontrôlable et, à l'occasion, contagieuse. Dans le Cratyle, Socrate explique de cette manière les noms des dieux et justifie le " jeu sérieux " auquel il se livre en faisant observer que " les dieux aussi aiment les amusements d'enfants ". La tradition hermétique, qui perpétue parmi nous la mentalité antique, et dans laquelle Jung a reconnu l'aïeule de la psychologie des profondeurs, trouve une de ses principales source dans ce domaine d'échos appelée par elle " langue des oiseaux ", sans doute parce qu'elle est un chant et non une collection de concepts à contenu logique. Je ne puis que signaler en passant la fécondité pratique d'une telle vision, qui est à la portée de chacun et nous aide à retrouver la jeunesse de l'esprit. Les poètes, ces éternels enfants, l'utilisent, ainsi que la sagesse populaire; Et nous avons tous éprouvé le délassement que procurent les étymologies " fantaisistes ", en provoquant des irruptions rafraîchissantes de l'énergie inconsciente dans le champ étroit de la raison.