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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 17:04

Je vous propose aujourd'hui un texte d'Etienne PERROT sur l'alchimie :

"L'un des caractères de l'alchimie est d'avoir offert à l'âme occidentale corsetée dans une forme doctrinale étroite qui séparait comme par un glaive le bien et le mal, un champ, une vigne beaucoup plus vaste où elle a pu évoluer en toute liberté sans faire passer ses productions spontanées au crible d'une orthodoxie sourcilleuse. L'alchimie tient dans le monde de la chrétienté la même place que la peinture d'un Jérôme Bosh dans son univers artistique ; les thèmes hermétiques abondent d'ailleurs chez l'auteur du "jardin des délices" et de "la nef des fous". Il est significatif que la matière obscure qui doit être changée en pierre de lumière ait reçu entre autres noms celui de Satan. L'inconscient qui est la "matière prochaine"de l'oeuvre, pour reprendre une expression alchimique, n'est-il pas encore aujourd'hui, aux yeux de beaucoup, un repaire de démons ?Ainsi l'alchimie et la psychologie complexe, l'une et l'autre servantes de l'âme profonde, partagent la vision païenne et orientale qui substitue au manichéisme pratique du christianisme opposant en une lutte éternelle Dieu et le Diable, le jeu de deux principes complémentaires, le yin et le yang chinois, l'obscurité et la clarté dont la réunion forme le Tao, la Voie juste d'où partent et où se résolvent les contraires composant l'univers de la multiplicité. J'ajoute qu'à l'intérieur même du christianisme cette conception était retrouvée en pratique par les grands mystiques, dont le but était de faire que "Dieu soit tout en tous", et qu'elle est une des causes permanentes de la suspicion dans laquelle les autorité tenaient l'expérience intérieure. Le stade ultime de l'homme suivant la psychologie empirique de Jung, le Soi, répond aux descriptions des hermétistes aussi bien qu'à celles de tous les grands enseignements traitant de la voie où l'homme se réalise dans sa totalité divine. L'être qui l'atteint, fluide comme l'eau par sa docilité à l'inconscient, est en même temps ferme comme la pierre, car, ne résistant à rien, rien ne peut l'entamer. C'est ce que voulait exprimer le dernier grand rêve confié par Jung. Le vieux sage y voyait une grosse pierre ronde présentée sur un socle comme un objet sacré avec cette inscription : EN SIGNE DE TA TOTALITE ET DE TON UNITE. Cette pierre ne contenait-elle pas l'alpha et l'oméga de toute sagesse ? N'était-elle pas la Pierre des anciens philosophes."

Etienne PERROT, La voie de la transformation, p. 164-165 Ed. La Fontaine dePierre.

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commentaires

A
<br /> Entendu, Ariaga. Merci pour ta réponse, je craignais un peu d’avoir « manqué un épisode ». Il est vrai qu’en se retournant sur un commentaire on constate parfois qu’on « s’est embarqué sur un truc<br /> personnel », ce n’est d’ailleurs pas toujours une mauvaise chose, mais là, je ne comprenais pas bien ce que tu voulais dire.<br /> <br /> Amezeg<br /> <br /> <br />
A
<br /> Tu n'es pas endormi, c'est moi qui m'exprime de manière confuse. Je me suis embarquée dan un truc personnel et hors sujet. Merci Amezeg pour ta remarque.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Ariaga,<br /> <br /> Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire. Pour moi, il ne s’agit pas ici d’évolution de la pensée de Jung ou de celle d’Étienne Perrot, qui ne sont plus là ni l’un ni l’autre pour défendre leur<br /> point de vue, mais il s’agit simplement de ce qu’ils ont dit ou écrit en regrettant l’un et l’autre « le manichéisme pratique du christianisme».<br /> Je ne vois pas ou intervient l’évolution de leur pensée à ce sujet. Si quelque chose m’échappe à ce propos, je te saurai gré de m’éclairer. De me réveiller si je suis un peu endormi aujourd’hui...<br /> ;-)<br /> <br /> Amezeg<br /> <br /> <br />
A
<br /> Merci Amezeg pour ce commentaire qui montre une belle connaissance de l'oeuvre de Perrot. Cependant, il arrive parfois, que comme Jung, que j'apprécie beaucoup pour cela que sa pensée évolue.<br /> <br /> <br />
A
<br /> @Jean<br /> <br /> Il me semble pour ma part que ‘l’eau du bain’ est « le manichéisme pratique du christianisme» et qu’Étienne Perrot, marchant dans les pas de Jung qui a souvent dénoncé et regretté cet aspect du<br /> christianisme, ne rejette absolument pas la figure du Christ comme représentation du Soi. Je crois qu’il suffit de lire les ouvrages d’Étienne Perrot pour s’en convaincre ou même de relire<br /> attentivement les phrases suivantes tirées de l’extrait cité ci-dessus par Ariaga :<br /> <br /> « Ainsi l'alchimie et la psychologie complexe, l'une et l'autre servantes de l'âme profonde, partagent la vision païenne et orientale qui substitue au manichéisme pratique du christianisme opposant<br /> en une lutte éternelle Dieu et le Diable, le jeu de deux principes complémentaires, le yin et le yang chinois, l'obscurité et la clarté dont la réunion forme le Tao, la Voie juste d'où partent et<br /> où se résolvent les contraires composant l'univers de la multiplicité. J'ajoute qu'à l'intérieur même du christianisme cette conception était retrouvée en pratique par les grands mystiques, dont le<br /> but était de faire que "Dieu soit tout en tous", et qu'elle est une des causes permanentes de la suspicion dans laquelle les autorités tenaient l'expérience intérieure. »<br /> <br /> Amezeg<br /> <br /> <br />