Le Grand Chamane pense, en effet, à son seigneur divin parti pour sa renaissance, sous son masque d’or solaire que le cinabre vivifie de son sang divin, ceint de sa couronne de Guerre ornée d'une chauve-souris qui le protége des Esprits et épouvante ses ennemis.
Des masques multiples avaient été déposés autour de sa dépouille, certains inquiétants, visages simiesques à la dentition de jaguar.
D’autres étaient d’une simplicité énigmatique, leurs yeux ronds écarquillés sur le néant.
De précieux disques d’or entouraient le seigneur, divinités grimaçantes repoussant les démons.
Des parures d’apparat disposées auprès de lui étaient destinées aux fêtes d’outre-tombe, avec ses femmes et serviteurs.
Après les combats rituels le prisonnier dénudé et ligoté attendait avec morgue son exécution qui allait sceller sa rencontre avec ses Dieux.
Mais le Grand Chamane savait que son seigneur couvert d’or imputrescible et de cinabre gorgé de sang céleste allait lui aussi partir en poussière.
Sans un mot le petit paysan anonyme regardait les fastueuses funérailles des grands seigneurs de Sican, de Sipan ou d’ailleurs, toujours plus grandioses au fil des siècles et des cultures. Il était certain que, pour lui, ce serait un trou dans le sable avec, pour tout viatique, au mieux un maigre linceul de coton et une petite poterie.
Texte et photos ÉPHÊME
Proposé par Ariaga