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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 11:26

 

" Qui regarde dans le miroir de l'eau  aperçoit, il est vrai, tout d'abord sa propre image. Qui va vers soi-même risque de se rencontrer soi-même. Le miroir ne flatte pas, il montre fidèlement ce qui regarde en lui, à savoir le visage que nous ne montrons jamais au monde, parce que nous le dissimulons à l'aide de la persona, du masque du comédien. Le miroir, lui, se trouve derrière le masque et dévoile le vrai visage. C'est la première épreuve du courage sur le chemin intérieur, épreuve qui suffit pour effaroucher la plupart, car la rencontre avec soi-même est de ces choses désagréables auxquelles on se soustrait tant que l'on a la possibilité de projeter sur l'entourage tout ce qui est négatif."

 

C.G. Jung , Les Racines de la conscience, p.45.

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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 11:59

  Il est un lieu de la littérature où le ciel de la poésie et de la philosophie est grand ouvert, où les dieux secouent la poussière dont ils étaient recouverts, où l'on peut embrasser l'univers et assouvir sa gourmandise de l'inconnu. Ce lieu où je vais rêver que l'on peut aller au delà des possibilités humaines, où l'auteur laisse souvent de côté la rationalité et la science pure pour se laisser guider par sa seule imagination, ce lieu, donc, est celui du Space Opera, de l'Opéra de l'Espace. Il fait partie du domaine de la Science Fiction, pour lequel je préfère le nom de  Roman d'hypothèse.

   L'opéra de l'espace a de profondes racines. Dans l'antiquité le grec Lucien de Samosate, grand patron des "fantaisistes",  nous fait avec humour voyager jusqu'à la Lune. Plus près de nous Dante transforme la Lune et les planètes en marches pour monter au paradis. Cyrano de Bergerac utilise des fusées à étages pour gagner une lune où il décrit, avec d'extraordinaires détails, un monde absurde, virulente critique des mœurs de son époque. C'est vers les années trente que l'Opéra de l'Espace, dans toute sa fantaisie, est devenu "populaire" à partir de magasines que l'on a, avec mépris, appelé "pulps" ce qui voulait dire, juste bon à jeter à la poubelle. Mais les grandes épopées ont suivi et j'en ai beaucoup lues, même si certaines "dataient" un peu. L'essentiel est de voyager, de vibrer....

  Opéras de l'espace je me suis engouffrée avec vous dans les couloirs de l'espace temps ouverts par Einstein, j'ai entendu vos chants et, comme le disait Rimbaud, j'ai vu.....des mondes étranges, des planètes barbares, des villes improbables aux noms imprononçables, des races perdues où régnaient des femmes sublimes et dangereuses, dans l'attente d'un homme qui les fascineraient. J'ai entendu le chant des astronautes et j'ai frémi en lisant la description de monstres, inquiétants parce qu'il leur restait toujours un petit quelque chose d'humain ou d'animal. Sur une planète j'ai même rencontré Shambleau, la méduse si troublante dans son atrocité.

   L'Opéra de l'Espace a joué sur tous les claviers de mon imagination et laissé des traces indélébiles. Même si je l'ai lu il y a longtemps, je n'oublierai jamais mon Opéra de l'espace préféré, Les seigneurs de l'instrumentalité de Cordwainer Smith. De gigantesques voiliers de métal y voguent d'étoile en étoile, propulsés par les vents de la lumière. On y rencontre les races issues de tous les croisements de l'univers et surtout la douce C'Mell, la fille-chat vers laquelle je me suis peut-être projetée par un corridor de l'espace-temps. Qui sait ?

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 11:44

Il faut, évidemment, remettre cette histoire dans le contexte de l'époque.

"Dans ma jeunesse, j'ai rencontré une dernière ramification de cette conception moyenâgeuse du monde, grâce à l'expérience suivante. Nous avions, à cette époque, une cuisinière de la forêt Noire souabe, à qui incombait la tâche d'exécuter les victimes de la basse-cour destinées à la cuisine. Il s'agissait de poules naines, dont les coqs se distinguent par leur humeur particulièrement querelleuse et par leur malice. L'un d'eux dépassait tous les autres par sa cruauté et ma mère chargea la cuisinière d'exécuter le malfaiteur pour le repas du dimanche. J'arrivai juste comme elle rapportait le coq décapité et disait à ma mère : " Il est mort en chrétien, bien qu'il ait été si mauvais. Il a encore crié  : " Pardonne-moi, pardonne-moi ! " avant que je lui coupe la tête. Aussi, maintenant il est allé au ciel ! " Ma mère répondit, indignée : " Ne dites pas de sottises ! Seuls les êtres humains vont au ciel ", à quoi la cuisinière étonnée répliqua : " Les poules ont aussi un corps, tout  comme les gens ont le leur. " - Mais seuls les êtres humains ont une âme immortelle et une religion  " dit ma mère, tout aussi stupéfaite.  " Non, ce n'est pas vrai, répondit la cuisinière, les animaux ont aussi une âme et tous ont leur propre ciel, les chiens, les chats et les chevaux, et cela parce que , lorsque le sauveur des hommes est descendu sur la terre, le sauveur de la volaille est aussi venu parmi les poules, et c'est pourquoi elles aussi doivent se repentir de leurs péchés avant de mourir, si elles veulent aller au ciel. "

La croyance de notre cuisinière est un vestige folklorique de cet esprit qui découvrait le drame de la rédemption à tous les niveaux de l'être et le retrouvait, par conséquent, dans les transformations les plus mystérieuses et les plus incompréhensibles de la matière." (Psychologie et alchimie, p.525)

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6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 16:06

Qu'est-ce qu'un homme ? Je vais vous donner deux exemples de réflexion sur la nature humaine, l'une empruntée à la philosophie et l'autre à la science fiction (que je préfère appeler roman d'hypothèse). Blaise Pascal écrit :

"Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur ; gloire et rebut de l'univers. Qui démêlera cet embrouillement"

Le roman d'hypothèse qui propose des hommes et des animaux transformés, des vies crées artificiellement, des êtres humanoïdes venus d'ailleurs, pose la question de la nature humaine. C'est un problème difficile à résoudre pour les auteurs et l'on se croirait revenu au Moyen,-Âge et à la controverse de Valladolid quand on se demandait si les indiens avaient une âme. Jacques van Herp dans son Panorama de la science-fiction nous raconte comment Heinlein traite le problème dans Jerry was a man(p. 219, c'est moi qui souligne)

"Jerry est un chimpanzé que la chirurgie a doté de parole et de réflexion. Et quand ses employeurs veulent le tuer, un groupement prend sa défense et déclenche un procès. Et c'est toute la définition sémantique de l'homme qui est en jeu. Finalement le juge, un Martien, déclare :

Nous avons examiné le sens attaché à cette étrange notion dite d' "humanité" . Nous avons vu que ce n'est pas une affaire de race, de planète ou de naissance, encore moins de degré d'intelligence. En fait ce mot ne peut être défini et cependant la notion peut être reconnue,  elle est ressentie de coeur à coeur, d'esprit à esprit.....

Alors Jerry chante Swanee River ; les dames en sanglotent d'émotion. La cause est entendue : Jerry est un homme. "

Et van Herp d'écrire en conclusion : Ce n'est pas un paradoxe que de dire que l'homme, cet animal doué de raison, se reconnaît par le truchement d'un critère irrationnel et sentimental."

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 11:24

La peur est comme un serpent qui se mord la queue . Un cercle vicieux, qui part de  nous et revient à nous. Une espèce néfaste d'Ouroboros alchimique.

- La plus grande peur est la peur de la peur ; la peur de ce qui pourrait arriver et qui correspondrait à aucun des scénarios élaborés par notre mental : Peur de perdre, peur de ne pas pouvoir acquérir, peur de recevoir.

-Peur fondamentale de ce qui n'est pas déjà connu, de ce qui n'est pas RE-présenté et ne peut nous projeter dans un futur rassurant construit  partir d'éléments déjà présents  à la surface de notre conscience. Dans ce futur de Bisounours il ne se passerait rien que nous n'ayons expérimenté et surmonté.

Que faire ?

Contre la peur animale, viscérale, nécessaire à notre survie, nous ne pouvons rien. Juste la reconnaître pour ce qu'elle est : salutaire. Le bond que je fais pour échapper à un danger peut me sauver la vie.

Contre la peur psychologique, qui est un grand handicap sur le chemin de l'évolution spirituelle, et nous fait nous recroqueviller dans notre petit moi, je crois qu'il est important, pour commencer, de ne pas la considérer comme un étranger ennemi. Il faut la regarder bien en face, au moment présent, l'observer aller et venir, puis repartir sans imaginer tout ce qui pourrait bien arriver. Le réel suffit !

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26 novembre 2022 6 26 /11 /novembre /2022 10:41
Prière d'une femme
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Devant le grand livre de pierre de l'autel nu et les niches vidées de leurs statues,

une femme,

dévêtue par la vie du vêtement des mots,

pétrie de craintes et d'espérances folles,

chercheuse de pistes dans le désert de la nuit obscure,

nue comme à sa naissance,

face à un œil immense qui la scrute si fort que ses cellules tremblent

prie, éblouie d'espoir

prie, depuis si longtemps

pour que l’inonde enfin, comme une mer cosmique,

la lumière divine.

       Ariaga (Ariane Callot)

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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 17:25

Tu as déjà franchi l'ultime porte et je la franchirai aussi.

ET

nos mémoires s'oublieront.

 

             Mais quand la roue des vies 

          nous ramènera sur le rivage

        nus et étrangers

      je connaîtrai encore

  la couleur de ton âme

la saveur de ton corps 

 ET

le jour où je te retrouverai

je me pencherai vers toi

j'embrasserai la veine de ton cou

là où bat le sang.

 

Mes lèvres trembleront contre ta bouche

comme une petite vague fatiguée par une longue traversée

un souffle passera

à travers nos deux corps 

 ET

une nouvelle fois

nous œuvrerons ensemble

vers la grande alchimie

   ET

tout recommencera

encore et encore

      ET

l''amour grandira

Une dernière fois

jusqu'à se fondre en Or

et devenir Divin... 

 

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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 17:12

Sa main sur son épaule

Lui a frôlé le cœur

Et puis comme un murmure

Qui s'en va frémissant sur l'onde de la peau

À la pointe de son corps

A pulsé un frisson ...

Ariaga (Ariane Callot)

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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 16:56

 Je me souviens d'une légende juive racontée par C.G.Jung dans le livre "l'analyse des rêves". La voici, dans le texte de Jung. 

"Une légende juive, à la fois belle et scandaleuse, raconte le mal démoniaque de la passion. Il y avait un vieil homme très sage et très pieux que Dieu aimait, parce qu'il était tellement bon et qu'il avait beaucoup médité sur les questions de la vie. Il avait compris que tout le mal de l'humanité avait sa source dans le démon de la passion. Alors il se prosterna devant le Seigneur et lui demanda de supprimer de la terre l'esprit malin de la passion. La piété du vieillard était tellement grande que le Seigneur accéda à sa demande. Et comme toujours, lorsqu'il avait accompli une grande action, le vieillard très pieux était empli de joie et selon son habitude se rendit ce soir-là dans sa belle roseraie pour humer le parfum de ses roses. La roseraie avait son apparence habituelle, mais quelque chose n'allait pas. Le  parfum n'était plus là, une substance manquait, comme lorsqu'on mange du pain sans sel. Peut-être était-il fatigué. Alors il prit sa coupe en or et la remplit avec un vieux vin merveilleux qu'il possédait dans sa cave et qui n'avait jamais eu le moindre défaut jusqu'à présent. Mais cette fois-ci le vin était fade. Cet homme sage possédait dans son harem une jeune épouse d'une grande beauté et, lors de la dernière visite, il s'aperçut que son baiser qui habituellement était comparable au parfum et au vin était cette fois sans saveur ! Alors il monta derechef sur son toit et dit au Seigneur combien il était triste, et qu'il craignait d'avoir fait une erreur en demandant de supprimer le démon de la passion. Il adressa alors au Seigneur la prière suivante : "Ne pourrais-Tu renvoyer sur terre l'esprit malin de la passion ?" En reconnaissance de sa grande piété, Dieu accéda à sa demande. Alors le vieillard goûta à tout à nouveau et, merveille, plus rien n'était fade, les roses avaient retrouvé leur parfum merveilleux et le baiser de sa femme fut plus suave que jamais."

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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 16:46

Quand on se canalise

Quand on analyse

Quand on se dialyse 

Quand on banalise 

                           Aseptisant sans cesse

                           Les joies et les ivresses

                           Les excès de tendresse

                           Pour la vie et ses liesses

On bâtit un grand mur

De pierres granitiques

Tout autour de la chair

Et l'âme devient grise

                           Parfois le mur s'écroule

Attaqué

Explosé

Par la vague puissante

De forces inconnues

Dont l'alcool est si fort

Que l'âme en est grisée

Ça s'appelle l'AMOUR 

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