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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 11:11

La maladie peut être un refuge qui permet d'échapper à l'ennuyeuse quotidienneté de l'existence ou d'excuser des manques, de permettre des ruptures. Elle est aussi une sorte d'issue à l'exaltation où s'épuisent les forces créatrices, les dépenses d'énergie excessives. Il y a des êtres pour lesquels la recherche du sens, et du dire de ce sens, est une mise à l'épreuve de la chair. Je pense à Nietzsche qui disait bénéficier de moments de grande clarté aux instants où il souffrait le plus. Chez ceux là, c'est au cours d'une douloureuse "passion"que, comme dans le creuset des alchimistes, se produit la "cuisson lente" de l'Oeuvre. C.G.Jung appartenait à l'espèce de ceux qui "somatisent" et que la maladie "transmute".

Pendant la petite enfance, une longue "absence de sa mère : eczéma généralisé, culbute du haut d'un escalier, heurt violent contre le bord d'un poêle, angoisses nocturnes. A douze ans, il fait, ce qu'il appelle lui même dans Ma vie, une névrose. Renversé par un camarade, sa tête heurte le trottoir. Il anticipe la violence du choc et une pensée fulgure : maintenant tu ne seras plus obligé d'aller à l'école! Cette pensée est tombée dans l'inconscient mais une somatisation s'est produite : chaque fois qu'il doit travailler ou aller en classe il tombe en syncope. Suit une période heureuse pendant laquelle il est libre de faire tout ce qui lui plait. C'est en particulier à cette époque que sa communion avec la Nature et l'originalité de sa réflexion se développent de manière très puissante. Il faut une réflexion de son père, entendue par hasard, sur la lourde charge que va représenter pour un pasteur sans fortune un enfant handicapé, pour le tirer de cet état. Les crises disparaissent et il se rend compte que c'était lui qui avait "monté cette honteuse histoire". 

Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie, se manifeste au moment de sa grande maladie de 1944 où, après une période de visions dans un état entre la vie et la mort, il met trois semaines avant de se "décider à revivre". Et pourtant, l'instinct de vie, la nécessité de transmettre une expérience, l'impression qu'il est important d'accepter son destin et la Vie telle qu'elle est l'emportent. C'est après cette cuisson lente sur l'athanor d'une transformation qui le mène aux portes de la mort que son travail et sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il a parlé ensuite de la possibilité d'une "zone intermédiaire" entre le physique et le psychologique, la maladie étant semblable à la pierre des alchimistes. Elle serait alors une étape dans le processus d'individuation c'est à dire de l'Oeuvre que nous devons entreprendre sur nous- mêmes pour devenir un être complet.

J'ai pris Jung comme exemple parce qu'il est représentatif et que d'autres que je connais auraient été trop personnels, mais je pense qu'il existe des lecteurs de ce blog qui, après avoir subi une maladie longue et douloureuse qui les a fait frôler la mort, ont été transformés par cette épreuve. Le plaqué or de leur vie s'est transformé en or. Je pense, entre autres conséquences, que les états valétudinaires, probablement parce qu'ils diminuent les défenses du  conscient, relativisent l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la"Société"et permettent de se consacrer à l'essentiel, la Vie et la spiritualité.


                             Ariaga

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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 12:42
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La nature aussi peut être créatrice, témoin ce mandala "unique" dans une coupe de bois.
 

     Ce qui rend l'homme supérieur à la machine, c'est qu'elle organise mais ne rend pas plus que ce qui lui a été donné. La décision subjective, est très différente. le Décideur, dont je vous ai déjà parlé, crée lui même, en l'imaginant, le champ de ses choix. Ce champ des choix va habiter son imagination jusqu'au moment où tout se groupera autour d'un schéma original. Il y a alors une solution qui est en même temps dissolution (on n'est pas loin de l'alchimie) et naissance d'un nouvel état de choses.

   Si l'on admet que créer, c'est introduire dans le monde un élément nouveau, ne pas copier un modèle existant auparavant, alors la décision ainsi envisagée est une création. L'introduction de nouveaux éléments d'organisation peut même conduire à l'oeuvre de génie car c'est en organisant d'une manière particulièrement originale les éléments d'un donné qu'un Bach ou un Rimbaud parvinrent à composer des oeuvres inimitables.

   Dans la phase qui mène à la décision créatrice, il n'est pas question de logique. Le Décideur part d'une série de connaissances acquises, (le  "matériau" de l'alchimiste) plus ou moins inconscientes, qui, grâce au travail de l'imagination, suivi d'une mise en ordre, aboutiront à la sélection d'une solution. Le système d'association qui mène à la décision créatrice est infra-logique. C'est à dire qu'il se soucie peu de grande cohérence et de non-contradiction.  C'est dans cette anarchie que le Décideur trouvera une manière nouvelle et personnelle d'agir. Alors vous allez me dire qu'il suffit d'être incohérent pour être génial. Ce serait trop beau ! en effet, sans le retour à une certaine forme de logique la décision ne pourrait être vraiment créatrice.

   Il est aisé d'imaginer n'importe quoi dans une phase d'"illumination" mais pour que la prise de décision soit effective il faut "redescendre" au stade de la réalisation concrète. La décision choisie doit comporter suffisamment de possibilités de réalisations effectives pour sortir du domaine de la pure fiction. Les produits de l'imagination ne passeront au stade du possible que chez ceux qui sont capables de soumettre leurs idées aux impératifs des signes sociaux, tels que l'écriture et la formulation cohérente. C'est la possibilité d'une action qui donne sa valeur qu travail mental d'une décision. Mais il ne faudrait surtout pas confondre possibilité avec automatisme, facilité. Au contraire, le choix le plus créateur est généralement celui qui conduit à une action " contre " ce qui existe déjà.

    Je crois que l'un des facteurs essentiels de la création est le mécontentement du monde extérieur, des choses acquises, du donné. C'est l'insatisfaction qui  pousse à créer du nouveau. J'aime ce que VALERY écrit à ce sujet en donnant la vedette à la part du rêve : "Je veux dire que l'homme est incessamment et nécessairement opposé à ce qui est par le souci de ce qui n'est pas et qu'il enfante laborieusement, ou bien par le génie, ce qu'il faut pour donner à ses rêves la puissance et la précision même de la réalité, et, d'autre part, pour imposer à cette réalité des altérations croissantes qui la rapprochent de ses rêves."

Finalement, la décision créatrice reflète l'antagonisme qui est le moteur même de la vie. Il faut avoir le sens de la contradiction pour prendre des décisions qui ne soient pas de simples sélections machinales. La décision créatrice demande de la force, de la ténacité, une capacité de lutte sans laquelle l'imagination la plus vaste, l'intelligence la plus brillante ne peuvent rien produire. Mais c'est aussi la présence féconde des autres qui pousse le créateur à innover. On décide contre les autres mais aussi avec eux. Et cela aussi c'est la vie car si la vie est faite d'antagonismes elle est aussi faite de relations entre les contraires dans le but de parvenir à des conjonctions. (Là je dérape un peu vers l'alchimie et la psychologie des profondeurs).

                    Ariaga
 

 

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 15:06

" Nietzsche n'était pas athée, mais son Dieu était mort. La conséquence de cette mort de Dieu fut que Nietzsche lui-même se dissocia en deux et qu'il se sentit obligé de personnifier l'autre partie de lui même tantôt en "Zarathoustra" tantôt, à d'autres époques, en "Dionysos", le Dionysos démembré des Thraces. La tragédie de Ainsi parlait Zarathoustra est que, son Dieu étant mort, Nietzsche devint un Dieu lui-même et cela advint précisément parce qu'il n'était pas athée. "

 

  C. G, Jung , Psychologie et religion, p. 169, 170
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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 20:38


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                                                 Quand on se canalise

                                                 Quand on analyse

                                                 Quand on se dialyse 

                                                 Quand on banalise 

                           Aseptisant sans cesse

                           Les joies et les ivresses

                           Les excès de tendresse

                           Pour la vie et ses liesses

On bâtit un grand mur

De pierres granitiques

Tout autour de la chair

Et l'âme devient grise

                                                    Parfois le mur s'écroule

Attaqué

Explosé

Par la vague puissante

De forces inconnues

Dont l'alcool est si fort

Que l'âme en est grisée

  Ca s'appelle l'AMOUR

                                        Ariaga
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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 14:53
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                     Ta main sur mon épaule

                     Ca m'a frôlé le coeur

                     Et puis comme un murmure

                     Qui s'en va frémissant sur l'onde de la peau

                     La pointe de mon corps

                    A pulsé un frisson ...

                             Ariaga

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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 20:07

Je suis le vaisseau splendide d'un passager sans limite qui baigne mes cellules dans sa lumière

 

Seigneur, ne me donnez jamais la sagesse triste

De ceux qui vivent morts

Ne me donnez jamais la vertu laide

De ceux qui aiment dans la honte de leur corps

Laissez moi être une note de musique incarnée 

Vibrant  dans l'orchestre de l'univers

Laissez moi être une main qui caresse et qui donne

Donnez moi un AMOUR vaste comme la VIE

 

Et reprenez les mots les pourquoi et les portes

Pour que ma chair glorieuse frissonne

Spiritualisée par Votre grandeur cosmique

          Ariaga
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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 13:32

 

    La philosophie rationaliste, malgré tous ses efforts, ne peut supprimer la force de l'imaginaire. Cette "folle du logis" dont parlait Pascal a des imperfections et des dangers mais on ne peut la jeter dehors. L'imagination disait, avec beaucoup de méfiance, ce même Pascal est "la partie dominante dans l'homme". Je pense qu'elle est non seulement dominante, mais que c'est elle qui fait d'un être humain un individu particulier. Le contenu d'une imagination est toujours unique et c'est dans cette imagination unique que le sujet trouve les matériaux de sa décision et de son action.

  Celui que je vais baptiser le Décideur, se représente sa situation actuelle. Elle est le point de départ, le point de vue auquel il se place, pour envisager les diverses possibilités d'action qui s'offrent à lui. Cette situation présente existe dans son esprit avec tous ses détails et personne ne peut avoir la même vision car cette vision est le produit d'une imagination dont le contenu est insaisissable en totalité. (Et je mets de côté les contenus souterrains de l'inconscient !). Pour choisir un acte parmi d'autres, le Décideur va devoir se projeter, comme dans un film, la représentation des différents résultats possibles  de son action. Toutes les qualités dont il pare ces résultats, toute l'attraction que telle ou telle solution exerce sur son esprit n'existent qu'en vertu de qualités et de pouvoirs imaginaires. De plus, dans les choix à faire il y a des directives, des possibles, nécessairement contradictoires. Ces possibles ont déjà, pour lui, une certaine réalité : il les voit, il les vit en imagination, il est le siège de leurs contradictions, avant même qu'lls existent dans son univers objectif.  Je pense donc ne pas me tromper si je dis que la décision prend sa source dans l'imagination.

   Quand je parle ici d'une imagination dont le but est l'action, il ne s'agit pas de la pure fiction, de phantasmes sans autres relations avec le monde extérieur que d'être un vague assemblage de matériaux élémentaires des sensations. Je pense à la faculté de construire mentalement un concept décrivant les liens entre les divers aspects des faits envisagés. Les hypothèses imaginées par le Décideur ne sont pas de folles fictions  car il évitera de choisir une action absolument incompatible avec ce qu'il sait possible (dans le mesure où il est lucide !). C'est à dire qu'il doit y avoir adéquation entre l'acte envisagé et ce que le Décideur connaît du monde et d'autrui.

   On peut, naturellement, dans une espèce de rêve éveillé, prendre des décisions extravagantes, incompatibles avec ce qui est réellement possible. Cela est même nécessaire, car, pour réaliser un peu il faut imaginer beaucoup, dépasser le réel, envisager des conséquences neuves, et créer ainsi de nouvelles combinaisons.  C'est ainsi qu'il y aura dans la prise de décision autre chose qu'une sélection automatique entre diverses solutions toutes faites. Mais il faut, en plus, pour que la décision soit valable et ne reste pas au niveau de l'imaginaire, qu'elle comporte une cohérence et une vraisemblance suffisante pour conduire à des actes que le Décideur considérera comme réalisables.

           Ariaga

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 16:51
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Forte des puissances de la nuit

Nue sur la roche ronde enfantée par les vents

La femme est venue offrir sa chair humide d'un désir d'Océan à l'aimant de la mer montante

            Les langues du soleil

            Tout près d'être englouti

            Ont caressé sa peau

            En spasmes d'agonie

            Le ressac a chanté

            Au rythme de l'amour

            Et le feu a  brulé

            Dans la pierre mouillée

Quand ses reins ont quitté leur lit granitique

Quand son ventre s'est tendu vers le ciel

Quand ses cuisses lourdes se sont ouvertes à la caresse des gouttes

La vague est arrivée aspirant la fontaine

Cri et jaillissement

De son eau féminine 

Un don à la Nature

Aux temps des dieux multiples

Ariaga
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 12:11
                                     
                                     
                                     
                                    
                  
                     Ne pas aimer les araignées
                     Une opinion
                     Mais décider de leur parler
                     Transmutation.

                                             Ariaga

                                                   
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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 12:02

L'alchimie décrit dans ses différentes phases un processus de transformation. Les descriptions sont variées, contradictoires et rédigées en un langage symbolique des plus obscur. Il fallait toute l'obstination d'un C.G.Jung pour y trouver son miel...

Les auteurs, rarement d'accord au sujet du déroulement et de l'ordre du processus, se rejoignaient, cependant, sur des points essentiels. L'un d'eux était la division en phases, liées à des couleurs correspondant aux étapes de l'oeuvre. Comme elles étaient à l'origine au nombre de quatre, on les nommaient "quadripartition de la philosophie". Les quatre couleurs et les quatre stades, pour des raisons que C.G. Jung juge plus psychiques que pratiques, furent ramenées au nombre de trois, vers le XVI° siècle. Cette omission du quatrième stade du processus, serait liée au problème de la signification symbolique de la quaternité et de la trinité.

La nigredo, ou noirceur, représente le premier stade. Elle n'a pas de qualité unique et peut être , pour le "philosophe", l'état initial de la matière primordiale ou, pour celui qui travaille dans son laboratoire, le résultat de la phase de décomposition des éléments. Cette décomposition est suivie par une recomposition consistant en une union des deux polarités féminine et masculine. Et ça n'est pas fini: il y a dissolution, mort du produit de l'union et une nouvelle nigredo.

Ensuite vient l'albedo ou passage au blanc. Ce moment du processus a, pour C.G.Jung,  deux sens possibles. En simplifiant une citation de son ouvrage "Psychologie et alchimie"dont je m'inspire ici : l' âme (symbolique)libérée par la mort est a nouveau unie au corps mort et détermine sa résurrection ou bien,  l'ensemble des couleurs, appelée "la queue du paon" conduit à une couleur unique, le blanc qui contient toutes les couleurs. 

Ce stade du processus représente déjà, pour beaucoup d'alchimistes, un aboutissement. Il est symbolisé par l'argent, ou la lune, et C.G.Jung le compare à l'aube précédant le lever du soleil.

La transition vers le stade ultime, la rubedo ou passage au rouge, se faisait par la citrinitas, ou passage au jaune, associée au soleil et à l'illumination. Après la suppression de cette étape le rouge suivit directement le blanc. A ce stade, le rouge et le blanc, le soleil masculin et la lune féminine (souvent symbolisés par le roi et la reine)  peuvent, au moment où le feu atteint son acmé, célébrer leurs "noces chimiques"  .

Tout ceci  est très simplifié. Je tente seulement de donner un aperçu des termes courants de l'alchimie. Le processus est loin d'être linéaire. Il comprend d'incessantes "putréfactions", "ablutions", morts et résurrections, sans compter les copulations, de la matière. Je pense, comme C.G.Jung, que ces métamorphoses ont pour origine et conséquences les variations de l'état du psychisme de l'opérateur. Celui qui aura le courage de méditer de manière "philosophique" sur la symbolique de ces phases commencera, peut-être, à entrevoir l'intérêt, qu'elles présentent si on les compare aux phases possibles, ou impossibles,de notre évolution spirituelle

     Ariaga

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