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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 17:19

Ariaga vous propose aujourd'hui un texte de Pierre TRIGANO publié, il y a un certain temps, dans le Laboraoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle.

 

Pierre TRIGANO et Agnès VINCENT auteurs de l'ouvrage Le Sel des Rêves, dont je vous ai déjà parlé sont les créateurs du concept de "psychologie symbolique". Ils ont fondé en 1999 à Montpellier l'Ecole du Rêve et des Profondeurs  et tentent une refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C. G.JUNG. Pierre Trigano a bien voulu contribuer à ce blog par la note que j'ai le plaisir de vous communiquer.  

 

Laisser advenir le Soi


 Les problèmes vitaux les plus graves et les plus importants sont tous, au fond, insolubles. (…) Ils ne peuvent jamais être résolus, mais seulement dépassés. (…) En observant le processus d’évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l’acceptaient et se dépassaient grâce à elle.
Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j’aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou-wei) mais laissaient advenir : ainsi que le maître Lu Tsou l’indique dans notre texte, la lumière tourne suivant sa propre loi (…). Le « laisser advenir », l’action non agissante, l’abandon de Maïtre Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d’ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir
. »

      JUNG, « Commentaire sur le Mystère de la fleur d’or "Ed. Albin Michel.

Petite réflexion autour de ce texte, Jung comme souvent y paraît iconoclaste, puisqu’il semble affirmer qu’il n’y a pas de solution, pas de guérison possible des problèmes les plus vitaux, alors que beaucoup viennent précisément en thérapie pour trouver de telles solutions.
 Les crises psychologiques les plus graves naissent d'un surgissement antagonique de l'inconscient qui, sous la forme d'un symptôme douloureux, vient briser l'équilibre initial du moi conscient.
En osant affirmer qu’il n’y a pas de solution à ces crises, Jung veut en fait nous suggérer qu’il est vain de rechercher à maîtriser nos brisures, et de conquérir ou reconquérir un état de continuité de la puissance.
Certes, nombre de motivations d'entrer en thérapie, et, il faut bien le dire, nombre de propositions de techniques thérapeutiques, commencent pourtant par là et visent à rechercher une reconquête de la puissance du moi par l'atténuation ou le gommage du symptôme. Mais il arrive alors qu'on voit la brisure de la crise ressurgir dans la vie d'un individu sur un mode que le plus souvent on n’aura pas prévu consciemment, parfois sous une forme plus grave.
Pour Jung, la vraie délivrance psychique ne relève pas de la catégorie de la maîtrise, ni d’une technique dont le moi s’emparerait et qu’il appliquerait à partir de lui-même unilatéralement pour combattre et réduire sa brisure.
La délivrance n’est pas une conquête du moi mais un dépassement que celui-ci accepte de vivre sans pouvoir le contrôler. La nouveauté qui amène cette délivrance surgit de possibilités obscures, nous dit Jung, c’est à dire inconscientes que le moi ne connaît pas de lui-même.
Comme l’indique Lu Tsou, la lumière tourne suivant sa propre loi, qui n’est pas la loi du moi. Il s’agit pour le moi uniquement de la laisser advenir, c’est à dire de la laisser l’éclairer lui, de l’accueillir simplement dans son champ conscient, de laisser agir son influx sur lui : tout le contraire d’une attitude « Yang » du moi, mais plutôt une attitude féminine d’accueil, d’ouverture, à cette lumière inconnue de lui qui vient de l’intérieur même de la psyché.
C’est ce que veut nous suggérer Jung dans ce texte. Dans les profondeurs de l’inconscient, il n’y a pas que l’obscurité de l'adversité venant  mettre en crise le moi, il y a aussi au plus profond, au cœur de la psyché, une lumière libératrice, vivante, qui oriente d’elle-même le moi, tout à fait naturellement, s’il peut la laisser advenir, dans le sens du dépassement de la crise, c’est à dire du dépassement de la confrontation violente entre moi et inconscient. L'œuvre de ce dépassement consiste en ce que puisse surgir de la confrontation un moi renouvelé qui est sorti de son unilatéralité et a intégré dans son affirmation l'opposition de l'inconscient à un moment donné.
Cette lumière intérieure qui n’est pas le moi, et que le moi ne connaît pas au départ, Jung ne l’a pas postulée, mais on peut dire qu’il l’a rencontrée très expérimentalement dans la contemplation empirique systématique de l’activité symbolique de l’inconscient.  
Vous savez, peut-être, qu’il a forgé le concept de Soi pour cerner cette lumière.  Il est essentiel pour lui de faire comprendre que le Soi n’est pas le moi. Il n’est pas du même registre que lui : il n’est pas un "Yang "unilatéral, qui ne prétendrait qu’à la continuité. Du moi, réduit à lui-même, ainsi, aucun dépassement ne pourrait surgir, parce qu’il est plein de lui-même, comme nous l’avons vu, et en cela, il est, sur sa propre base condamné à la brisure, sanction du réel qui, lui, survient de l'inconscient.
Le Soi est pour Jung tout autre que le moi. C'est cette découverte scientifique du Soi qui est pour lui la découverte originale fondant sa psychologie, et non, comme on le croit, celle de l'inconscient collectif dont Freud avait déjà pressenti l'existence. Le Soi a sa propre loi (comme le dit Lu Tsou). Il est d’un tout autre registre : Jung l’a rencontré comme la lumière, la source de conscience qui, de l’intérieur même de l’inconscient, cherche un dépassement positif au conflit violent qui surgit dans la psyché entre le moi conscient et l'inconscient.  A l'instar du Tao des chinois qui est la réunion harmonieuse du Yang et du Yin, du masculin et du féminin, le Soi est approché par Jung comme le point de vue qui, de l'intérieur même de la psyché, cherche à fonder celle-ci en totalité réunissant de manière harmonieuse le conscient et l'inconscient, un peu comme au sein d'un processus de paix, deux belligérants sont amenés par une puissance qui les transcende, à se rencontrer sans cesse et à confronter leurs positions contraires pour mieux se connaître et finir ainsi par se tolérer et se transformer mutuellement.

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 18:05

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Ariaga vous propose une citation de C.G.JUNG extraite de son ouvrage Psychologie et Alchimie, ed. Buchet Chastel, p.298.

 

.... l'esprit de l'alchimiste était aux prises avec le problème de la matière, lorsque la conscience, dans son exploration, se heurtait au monde obscur de l'inconnu dans lequel elle croyait percevoir des formes et des lois, qui, en fait, n'appartenaient pas à la matière mais à la psyché. Tout ce qui est inconnu ou vide est automatiquement rempli par une projection psychologique ; tout se passe comme si les propres arrière-plans psychiques du chercheur étaient réfléchis par l'obscurité. Ce qu'il voit dans la matière, ce qu'il croit y reconnaître, ce sont avant tout les données de son propre inconscient qu'il projette en elle. En d'autres termes, il découvre dans la matière, comme appartenant apparemment à celle- ci, certaines propriétés et certaines significations potentielles de la nature psychique desquelles il est totalement inconscient. Ceci est particulièrement vrai pour l'alchimie classique, dans laquelle la science empirique et la philosophie mystique étaient pour ainsi dire indifférenciées. Le processus de scission qui devait séparer le physique du mystique apparut à la fin du XVI° siècle et donna naissance à un genre de littérature tout à fait fantastique dont les auteurs étaient conscients, au moins jusqu'à un certain point, de la nature psychique de leurs transmutations " alchimiques ".

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 17:09
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   Je sens comme une pression d'ombres insatisfaites qui rodent autour du laboratoire. Depuis Janvier 2007 où j'avais posté une note intitulée "paroles de la mystique juive", quand je regarde les textes les plus lus sur le blog cette note se situe toujours aux premières places. Tout le monde doit être heureux  en vacances alors je vais inviter au voyage un nouveau compagnon, le maître hassidique Rabbi Nachman de Bratislava (1772-1810) dont j'ai entendu parler dans un livre d'Edward Hoffman intitulé Mystique juive et psychologie moderne (Dervy).
   Je l'imagine très bien, assis sur un banc devant la mer et racontant d'une belle voix, à un  petit groupe de voyageurs, lui qui n'a rien écrit, les histoires et paraboles qui lui servirent pour illustrer ses idées. 
   Atteint très jeune de la tuberculose, il savait que sa vie serait courte. Cela aurait pu le rendre mélancolique mais, au contraire, il enseigna que la joie est une porte vers le divin et que l'on doit toujours essayer d'être gai, même si il faut pour cela "avoir recours à des futilités". Il pensait aussi que le corps et l'esprit sont intimement liés  et que les émotions négatives comme la peur, la jalousie ou la colère, peuvent être à l'origine des maladies.
   Ses récits parlaient de rois, de naufrages, de trésors cachés et des rêveurs fous partis à leur recherche et aussi de ces coïncidences qui font exploser les cadres de la causalité. J'aime imaginer qu'il est avec nous sur ce banc, ce mystique joyeux qui condamnait l'ascétisme et qui nous aurait enseigné la marche sur la voie du bonheur.
          Ariaga

 

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 16:31
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Assise sur le banc des rêves de vacances

dans la transparence des gouttes de pluie,

pendant ma transhumance vers un soleil mouillé,

dont l'or brillait entre les gouttes,

le soleil du Diable qui bat sa femme parcequ'elle est trop belle,

j'ai cru apercevoir, derrière le miroir,

là où l'horizon se retire au fond du ciel,

le reflet d'une ville engloutie,

dont la respiration faisait comme une brume au dessus de la mer.

 

Aurai-je le courage de tenter le voyage,

vers la cité perdue dont tinte encore la cloche,

pour ceux qui savent entendre ?

 

           Ariaga

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 12:06

Ariaga vous propose une poésie d'Étienne PERROT, extraite de son ouvrage CORAN TEINT, le livre rouge, p. 327, ed. la Fontaine de Pierre.

C-est-l-heure.jpg

Oh ! mon esprit ne veut plus être,

Nature que ton pur témoin.

Je ferai taire tout désir

pour t'écouter dans le silence.

 

Ayant ainsi creusé le gouffre

j'atteindrai le fleuve du fond.

À son heure il se changera en un geyser irrésistible.

 

Sa substance, qui est la tienne,

remplira toute ma vision,

me courbant en miroir du monde,

sphère où les étoiles se jouent.

 

Le silence qui m'effrayait

s'est fait choeur des dix mille voix.

De la gorge où j'ai disparu

surgit le nouvel univers.

 

On me l'avait dit : je le vois !

La mort est mère de la vie,

pauvreté engendre richesse

ignorance est le grand savoir.

 

Étienne PERROT

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 11:34

 


 

 

Le temps des origines.jpg

Illustration *MEL* Blog de nuit, à laquelle je dédie cette petite poésie.

 

C'était au temps des origines

C'était au temps des androgynes

Tu étais Elle et j'étais Il

Tu étais Il et j'étais Elle

Et nous n'avions qu'un coeur pour deux.

 

C'était au temps de l'oeuf cosmique

C'était au temps du vase unique

Et maintenant  oh mon amour

J'attends tellement le retour ...

Ariaga

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 12:16

 


passr-le-pont-des-arts.jpgMarie Louise von FRANZ, dans son livre : C.G.JUNG, son mythe en notre temps, rappelle combien C.G. JUNG était sensible à la beauté sous toutes ses formes, et aux arts en particulier. En effet, il pensait qu'il y a des représentations qui n'appartiennent pas au moi et, chez les artistes, surgissent d'ailleurs, comme le font les rêves. Au passage, rappelons que les anciens alchimistes étaient souvent appelés "artistes".
La poésie, la peinture, la musique, ont beaucoup compté pour JUNG qui ressentait l'art comme un contact direct avec l'inconscient, mais aussi comme quelque chose de caché que l'on se propose à soi même dans la solitude et le silence.
Autant C.G. JUNG à travaillé toute sa vie pour que son oeuvre soit sérieuse, scientifique et diffusée, autant il était pudique au sujet de ses talents et de ses goûts artistiques. Il craignait de faire de l'"esthétisation" au sujet d'un art qui, pour lui, s'imposait de l'intérieur. Il a quand même montré ses oeuvres de façon indirecte. Il dessinait des mandalas superbes sans en revendiquer la paternité, sculptait la pierre dans sa tour de Bollingen et, surtout, c'était un poéte caché. Il suffit de lire "Les septs sermons aux morts" pour s'en convaincre. Et pourtant il a dénigré cette oeuvre remarquable. Mais cela est une autre histoire...
Il aimait aussi beaucoup la musique. C'est Marie Louise von FRANZ qui me l'a appris. En particulier J.S. BACH. Il paraît que, peu de temps avant sa mort il rêvait encore de créer une sorte de "harpe Eolienne" en suspendant à un arbre un instrument de de soie à travers lequel jouerait le vent, créant ainsi une musique magique.
Cependant, pour C.G. JUNG, l'art n'était pas un but en soi. Il participait à l'évolution de l'être humain et donc à son alchimie spirituelle. C'est une des raisons, pour lesquelles, dans ses pas, a été crée le Laboratoire.

Ariaga

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 17:27

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Ariaga vous propose aujourd'hui une citation d'Étienne Perrot extraite de son livre La voie de la transformation (ed. la fontaine de Pierre, p. 61)

" Les Anciens attachaient peu de prix à la méthode philologique qui est la nôtre et qui cherche à établir l'origine des noms en relevant leur provenance historique. Leur vision du monde n'était pas causée par l'enchaînement causal que découvre la raison, mais sur la parenté de toutes choses que révèle l'attention aux messages de l'âme profonde, et par suite les lois qui retenaient leur attention étaient celles des correspondances, des analogies, sources d'harmonie et de beauté. Ils ne disaient pas : " tel mot vient de tel autre ", mais " tel mot est comme tel autre " Ainsi, au lieu de démontrer que " feu " vient du bas latin  focus , ils se seraient plus à noter que " feu " ressemble à fou, parce qu'un fou, jouet de l'inconscient, est comme une flamme incontrôlable et, à l'occasion, contagieuse. Dans le Cratyle, Socrate explique de cette manière les noms des dieux et justifie le " jeu sérieux " auquel il se livre en faisant observer que " les dieux aussi aiment les amusements d'enfants ". La tradition hermétique, qui perpétue parmi nous la mentalité antique, et dans laquelle Jung a reconnu l'aïeule de la psychologie des profondeurs,  trouve une de ses principales source dans ce domaine d'échos appelée par elle " langue des oiseaux ", sans doute parce qu'elle est un chant et non une collection de concepts à contenu logique. Je ne puis que signaler en passant la fécondité pratique d'une telle vision, qui est à la portée de chacun et nous aide à retrouver la jeunesse de l'esprit. Les poètes, ces éternels enfants, l'utilisent, ainsi que la sagesse populaire; Et nous avons tous éprouvé le délassement que procurent les étymologies " fantaisistes ", en provoquant des irruptions rafraîchissantes de l'énergie inconsciente dans le champ étroit de la raison.

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 14:19

 

la-derniere-vague.jpgJe suis la locataire d'un vaisseau de distillation

Où les chairs se dissolvent et où l'âme grandit

Poisson qui respire dans l'air

J'ai oublié l'océan d'où je viens

Boomerang déposé sur le sable

J'aspire à la vague

Qui rentre dans la mer

J'attends la vie est si belle

Je la boirai jusqu'à la dernière goutte 

Et quand le rêve lucide de la mort m'emportera

Là où il voudra

J'espère

Toute baignée de l'énergie de l'Esprit

Ecouter la musique des sphères

 

Et quand le temps sera venu je reviendrai encore

Bien plus forte ennivrée de la Lumière de la Nature 

Vibrante d'amour divin 

Pour grandir et mourir

Ariaga

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 16:28

couleurs-alchimiques.jpg

Ariaga vous propose une citation de C.G.Jung,  extraite de Psychologie et Alchimie ( p;299 ), au sujet des phases du processus alchimique caractérisées par leurs couleurs.

" .... On distingue quatre phases qui sont caractérisées par leurs couleurs originales, déjà mentionnées par Héraclite : melanosis (passage au noir),  leukosis (passage au blanc), xanthosis (passage au jaune), et iosis (passage au rouge). La division du processus en quatre était appelée (...) quadripartition de la philosophie. Plus tard, environ au XV° ou au XVI° siècle, le nombre des couleurs fut ramené à trois le xantosis, appelé aussi citrinitas (le jaune) disparut peu à peu et ne fut plus que rarement mentionné.  A sa place on vit apparaître parfois dans des cas exceptionnels, après le melanosis ou nigredo (le noir), le viriditas (le vert) ; il e fut cependant jamais généralement admis. Alors même que la tetrameria originelle était l'exact équivalent de la quaternité des éléments, on souligna alors fréquemment que, bien qu'il y eut quatre éléments ( terre, eau, feu et air) et quatre propriétés (chaud, froid, sec et humide), il n'y avait que trois couleurs : noir, blanc et rouge. Comme le processus n'a jamais conduit au résultat désiré et comme il ne fut jamais exécuté, dans ses différentes parties, d'une façon standardisée, e changement dans la classification des phases ne doit pas être du à des causes extérieures, mais bien plutôt à la signification symbolique de la quaternité et de la trinité ; en d'autres termes il est dû à des causes intérieures, psychiques."

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