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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 15:58

Un-trou-vers-le-centre-de-la-terre.jpg

 

La Rêveuse est devant une paroi de pierre, lisse comme une cloison, avec un trou rond qui donne sur on ne sait où, un autre endroit.

De l'autre côté du trou, dans lequel la Rêveuse à engagé la partie supérieure de son corps pour essayer de passer, se trouve un homme inconnu très séduisant, l'imagine la Rêveuse, car elle ne voit pas le visage de cet homme. Derrière elle, il y a la présence discrète de son mari et d'une femme mûre, d'allure très dominatrice et à la voix autoritaire , qui s'agite beaucoup. Elle crie : "Vas-y, fais un effort, empotée". La tête et les épaules de la rêveuse passent mais la partie inférieure de son corps est coincée. Elle sent que si elle s'arrachait la peau, si elle n'avait pas peur de se faire mal, elle arriverait peut-être à passer mais elle bloque. L'homme de l'autre côté de la paroi encourage la Rêveuse, tend ses bras vers elle, prend ses mains pour essayer de la tirer. Pendant ce temps, la femme autoritaire continue à se manifester. Cela énerve la rêveuse qui sort du trou et dit : "Tu n'as qu'à passer toi !" " La femme répond avec une curieuse modestie : "Comment veux-tu que j'y arrive si tu n'y arrives pas ?"

Je donnerai deux interprétations, l'une, la première, s'attachera à l'"histoire" que raconte l'inconscient. L'autre sera une mise en évidence des éléments du rêve qui évoquent pour moi des thèmes importants de la symbolique alchimique. Ceux que ces thèmes n'intéressent pas peuvent "zapper" car mes notes seront plus longues que d'habitude.

La représentation de l'inconscient

Ce rêve a été noté plusieurs années avant le rêve suivant mais pour l'inconscient le temps n'existe pas et on peut noter qu'il propose déja pas mal de données du scénario des rêves futurs. Nous avons le décor et les enjeux de l'action : un mur, une absence de relation entre la Rêveuse et un "autre endroit" qui est l'inconscient. La possibilité de passage de l'autre côté est figurée par le trou rond. La représentation est commencée et la Rêveuse a engagé la partie supérieure de son corps dans le trou, ce qui implique qu'il y a peut-être une possibilité de passer de l'autre côté de la paroi rocheuse. Différents protagonistes sont déjà là : l'animus positif (l'homme de l'autre côté) représentant du soi, le mari, symbolisant la vie consciente. L'ombre, liée à l'animus négatif, lui même lié à l'animus maternel. Cette ombre est puissante, autoritaire, elle traite la Rêveuse d'empotée et provoque une régression conduisant la Rêveuse à ressortir du passage dans lequel elle s'était engagée.

L'affrontement des forces est annonçé : négative, cette femme autoritaire et positive l'homme qui tend les bras en essayant d'aider. On voit aussi déjà la difficulté de l'incarnation, un problème majeur de l'évolution de la Rêveuse. Il lui semble facile de passer le haut du corps par la tête, ce qui signifie que, mentalement, elle pourrait rejoindre cet homme séduisant si le bas du corps n'était pas coincé. Cela montre un blocage à ce niveau. Je vois aussi , avec un connotation religieuse liée à l'idée de la rédemption par la souffrance, la rêveuse à été élevée dans la religion catholique , le fait que pour "passer" il faudrait s'arracher la peau". Pour réussir, ne plus être une empotée, il faudrait supprimer cette chair méprisable.

Ainsi, au cours de cet affrontement initial, il semble y avoir une victoire de l'inhibition, un renoncement. Il existe cependant un élément positif, une indication de la voie à suivre. Il s'agit, à la fin du rêve, de la curieuse humilité de l'ombre autoritaire disant : "Comment veux tu que j'y arrive si tu n'y arrives pas ". Cette ombre, qui apparaissait comme un juge impitoyable, se trouve elle même complètement démunie, et révèle que le potentiel de réalisation d'un mouvement vers une réalisation de son être psychique est entre les mains de la rêveuse elle même, et non chez cette ombre juge.

La symbolique alchimique

On trouve déjà dans ce rêve une  allusion à la Pierre, à l'homme de la conjonction but ultime de  l'alchimie, à une femme autoritaire dont on peut supposer qu'elle est cette "autre", mystérieuse et terrifiante mais aussi vénérée, la Nature, sous sa forme de Mère de tous les éléments. C'est cette Grande Mère Nature des alchimistes qui dit à la Rêveuse, à la fin du rêve, que l'opus est en elle et que son travail alchimique est un processus de transmutation intérieure.

Le thème du supplice, qui apparaît clairement ici, a été utilisé par les alchimistes d'une manière ambigüe due à l'absence, pour eux, de frontières nettes entre la matière et esprit. Il pouvait s'agir du supplice des matériaux à améliorer, de tourments infligés à leur mystérieuse "substance" ou des opérateurs eux mêmes qui étaient l'objet de supplices abondamment décrits par les ouvrages alchimiques.

Le fait que l'homme très séduisant et la Rêveuse se tiennent les mains est une annonce du processus de la conjonction, des noces alchimiques des opposés. La présence de mains, que l'on retrouvera plus tard dans la série, à déjà ici une connotation alchimique. Il s'agir des mains du "magistère" et le fait que les deux mains soient impliquées redouble les possibilités d'accomplir au moins une partie du processus de la réalisation de l'oeuvre. Notons aussi la présence discrète du mari, celui avec lequel devra se réaliser l' "union des corps", si essentielle en alchimie. La discrétion dont il fait part montre tout le chemin à parcourir.

Nous aussi nous avons du chemin à parcourir si nous voulons parvenir au rêve d'aboutissement de cette série...

Ariaga

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 15:57

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Je vais vous parler, aujourd'hui, de la vie du Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle. Je pense qu'il est temps qu'il remplisse une de ses fonction essentielle : chercher, en suivant un cheminement d'évolution spirituelle, à mieux comprendre les rêves.

Ceux qui me lisent depuis longtemps, sur le blog "Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle savent que je suis vivement intéressée par les séries de rêves. En cela je ne fais que rester dans les pas de C.G.Jung qui y a consacré un important travail. Je vais vous proposer , au rythme, je pense, d'un par semaine des rêves issus d'une série que j'ai utilisée, il y a quelques années, dans le cadre d'une recherche. A l'origine, ces rêves, ceux d'une femme d'une quarantaine d'année à l'époque où ils furent notés, étaient au nombre de 400. J'en avais conservé 150 et je pense les réduire ici à une cinquantaine.

Contrairement à tous les principes du travail d'analyse les rêves, dépouillés de leur contexte dans la vie réelle de la rêveuse, seront considérés comme des "objets" sur lesquels chacun pourra projeter sa propre signification symbolique. Je proposerai une interprétation parmi toutes celles possibles mais, évidemment, mon explication sera "orientée" par ma culture et mes sujets d'intêret.

Pour ne pas alourdir cette note, je vous expliquerai au fur et à mesure comment je procède. Sachez, cependant, que je vais en particulier observer :

- le dialogue entre les couples d'opposés masculin féminin et la manière dont ils tentent leur conjonction.

- l'émergeance des grands archétypes.

-la perennité des symboles (par exemple l'oiseau devient l'avion) et aussi la continuité dans le temps de manifestations des forces de la Nature telles que les ressentaient les anciens philosophes alchimistes.

- le développement d'une certaine logique interne, étrangère à la notre, issue de l'inconscient profond. Je l'appelle l'enseignement ou le discours du rêve .

Tout ce que j'envisage ne peut être observé dans un rêve isolé. Je vous proposerai donc ces rêves de la série en début de semaine et j'espère que quelques uns d'entre vous seront intéressés. Le blog continuera sa vie, parfois un peu chaotique , avec divers autres textes mais je tenterai d'être régulière pour ce qui est de la série de rêves. A la semaine prochaine pour le rêve initial. A bientôt.

Ariaga

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 15:53

la-note-de-musique.jpg

Parfois je m'interroge...

Dans le chaos bruyant qu'est souvent notre vie, quand nous tentons de nous faire entendre à travers la boule de verre de l'indifférence, quand nous nous cognons contre les parois comme un papillon de nuit, crachant nos mots pour ne pas être dissous par ceux des autres, aurions nous seulement UNE  chose à exprimer. J'entends exprimer un peu comme quand on exprime le jus d'un fruit. L'origine de cette  manifestation unique serait le Soi, le centre où brûle la lumière, l'énergie , qui nous propulse dans la vie comme une fléche vers un but invisible. Nous serions l'instrument sur lequel se joue une note de musique qui, si nous voulons bien l'écouter attentivement, deviendra de plus en plus forte, de plus en plus aiguë, de plus en plus afutée et percera la sphère du petit moi. C'est NOTRE note, celle qui nous fait uniques dans l'océan de la Totalité. C'est très difficile de suivre ce chemin et de jouer dans le grand orchestre, il faut des vies pour y parvenir et seul l'Amour, au sens le plus vaste peut aider à ouvrir les oreilles de notre coeur.

Ariaga

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 17:07
ombre-et-lumiere-copie-1.jpg
    
"Avec l' Incarnation, l'image divine se transforme tout entière, car alors Dieu devient manifeste ; il apparaît sous les traits de l'homme, qui est conscient et donc contraint de poser des jugements de valeur. Il faut qu'il dise qu'une chose est bonne et une autre mauvaise. La tradition enseigne que le diable ne devint véritablement réel que lorsque apparut le Christ. "...
"En devenant homme, Dieu devint ainsi un être défini, qui est ceci et n'est pas cela. C'est pourquoi le Christ doit dès le commencement se séparer de son ombre et nommer celle-ci diable. "
 
             C. G. Jung
     Correspondance, III, p.199
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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 18:25

magma-alchimique.jpg

Selon C.G.Jung, dans "Psychologie et alchimie, les différentes classifications des phases dépendent surtout de la manière dont les opérateurs envisagent la finalité de l'Oeuvre. Certains alchimistes ont pour visée l'obtention de la "teinture" blanche ou rouge, d'autres recherchent la pierre philosophale, qui les contient toutes deux, et qui peut être , à la fois, la matière ou l'agent d'une transmutation. Il s'agit aussi, parfois, de la "panacée" : or buvable ou élixir de vie. Remarquez , et c'est ce qui me plait dans cette manière de penser, qu'en alchimie il n'y a pas de "ou"..."ou" mais des "et"..."et". On sort de la logique classique et une chose peut être elle même et son contraire ou tout autre chose. 

Plus "philosophique" est le projet d'obtention d'un "être entièrement mystique" nommé "Dieu terrestre", "Sauveur", "fils du macrocosme", que l'on pourrait comparer à l'"Anthropos gnostique", c'est à dire l'homme primordial divin, qui est aussi l'"âme du monde". C.G. Jung, s'inspirant de Paracelse, le décrit ainsi :

"Il est l'âme du monde qui met le Tout en mouvement et qui soutient le Tout. Sous sa forme terrestre primitive il est impur. Mais il se purifie progressivement au cours de son ascension dans les formes aquatiques, aériennes et ignées. Dans la quintessence enfin, il apparait en son "corps clarifié". Cet esprit est le secret qui fut caché depuis les origines"

Le projet des "philosophes alchimistes" est de purifier cette matière à laquelle s'est, en quelque sorte, mélangé l'esprit, pour redonner à ce dernier sa fonction motrice et directrice. En tant que matière et esprit, ils sont impliqués conjointement, matériellement et spirituellement, dans l'Oeuvre alchimique.  

Ariaga

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 18:07
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    C'est la première note que j'écris sur la science-fiction et on me dira que je suis loin de la philosophie, de la psychologie des profondeurs de Jung, et de l'alchimie spirituelle. Vous auriez tort, chers lecteurs, car je pense que tout ce qui transforme, élargit le degré de conscience, nous fait sortir de la bulle du connu et du semblable,  est un facteur d'évolution et de transformations.

   Si je n'avais pas encore abordé ce sujet, c'est par crainte de me laisser entraîner par ce qui fut longtemps une "passion". Je me suis un peu assagie. Je redoutais aussi d'avoir du mal à me détacher des enseignement dispensés par Jacques van Herp, à Bruxelles, dans une "autre vie".  Enseignements douloureux, le cher homme maintenant décédé, avait un caractère détestable, mais aussi un très vaste savoir. Son Panorama de la science-fiction (Marabout) demeure incontournable.

   Le terme Science-fiction a suscité pas mal de malentendus et, pour beaucoup, ce serait une forme de sous-littérature ou de para-littérature populaire faite de récits puérils, mal écrits et sans validité scientifique. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette conception.  Je reconnais que le terme est, non seulement mal choisi mais très limitatif car, pour moi, ces récits fondés sur le " et si " ne sont pas une curiosité littéraire. C'est, tout simplement, de la littérature, et même une littérature très ancienne.

   Et si Ulysse était parti pour un très long voyage ; et si un continent perdu avait vraiment existé ; et si on en retrouvait des traces ; et si d'autres mondes étaient habités ; et si une guerre ou un cataclysme balayait l'humanité. On voit se dessiner les ombres d'Homère, de Platon, de Giordano Bruno sur son bûcher et, plus près de nous de Robida, Wells, Matheson, Blish, Barjavel et d'autres très contemporains qui ont continué à franchir les barrières de la possibilité humaine et à raisonner sur l'irrationnel.

   Alors, pourquoi certains d'entre vous  qui ont acheté dans une gare un livre classé S.F. l'ont-il jeté après lecture dans la première poubelle rencontrée et juré qu'on ne les y reprendraient plus ? tout simplement parce que c'était un mauvais livre. Il y a des romans d'amour stupides et mal écrits et des chefs d'oeuvre littéraire du même genre.

    Pour commencer, car maintenant que je suis lancée il y aura des suites, je propose de ne plus utiliser le terme science fiction et de le remplacer par celui de " roman d'hypothèse ", proposé en 1928 par Maurice Renard. Pour les anglicistes on pourrait dire aussi " speculative fiction " (Heinlein) mais je garderai roman d'hypothèse ou R.H. Et nous voila de retour dans un domaine plus philosophique : prendre pour point de départ une supposition et en examiner les conséquences en suivant une certaine forme de logique, scientifique ou non. On élargit le champ de la réflexion non seulement à ce qui est mais à ce qui pourrait être et on remet en question l'espace, le temps, l'histoire, la société l'être humain lui même et jusqu'aux possibilités de son esprit.

   Le fantastique, la fantaisie héroïque, trouvent eux aussi leur place dans cette qualification de roman d'hypothèse. Il s'agit seulement de différences dans le degré de rationalité de  l'hypothèse de départ et d'" ambiance " du récit. Le conte me semble à part mais j'en ai assez dit pour aujourd'hui.

Ariaga

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 10:57
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Le préalable à l'Alchimie spirituelle est de faire un état des lieux. En effet, si, se considérant comme un vase sur l'Athanor, on entreprend de faire de soi-même le matériau de l'Oeuvre, il faut d'abord prendre conscience de ce que l'on est et ensuite de ce que l'on voudrait devenir. C'est seulement ensuite que peut commencer la lente transformation de ce qui est considéré comme des défauts en leur qualités opposées.

Ariaga

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 18:59

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Vivant comme exilée en un breton séjour, si proche et si lointaine, à quelques encablures du banc où je perdure, cette fleur, improbable fille de la Nature, est venue en miroir dans la fraîcheur du soir. Je l'ai appelée soeur.

Elle avait fière allure, se redressant du col comme si le malheur rimait avec honneur. Impeccable coiffure, épargnée par les rides , laissant juste couler une larme si belle que j'ai ri de bonheur rien qu'à la regarder, en pensant à l'amour. 

Et j'aurais tant voulu la serrer sur mon coeur, mais elle est trop fragile... 

       Ariaga

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 17:22

Fleur-de-moule.jpg

 

Il fut un temps où dans les tombes on trouvait des coquillages en forme de sexe de femme et de la terre ocre couleur sang.

Il fut un temps où les statues étaient fessues et mamelues.

Il fut un temps où la maternité était magique.

Il fut un temps où la terre était une Grande Mère, nourricière, procréatrice, centre des forces mystérieuses de la vie et de la mort et où on la disait Mère du Monde, Mère Céleste.

Tout venait d'Elle.

Tout retournait à Elle.

Il fut un temps où Elle habitait des sanctuaires et où on lui offrait les fruits de la nature.

Mais les temps changent.

Est venu le pouvoir du Père.

Il a relégué la Grande Mère dans les profondeurs de la terre.

Il a dit qu'elle était impure et dangereuse.

Il a dit qu'elle était seulement le récipient de sa grandeur.

Il a dit que c'était lui le Créateur de toutes choses.

Mais moi, qui ait toujours senti dans les fibres de mon être vibrer les notes du chant de la Grande Mère, je vous le dit, amis, la Vie est multiple et l'on va bientôt célébrer les noces alchimiques du Roi et de la Reine oubliée

Ariaga

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 12:02

Apres-la-maree.jpg

 

Au moment de sa confrontation avec l'inconscient, C. G. Jung, qui était à la fois l'opérateur et le matériau de sa propre transmutation, a failli se perdre au cours des nombreuses "distillations" qu'il a imposées à sa psyché. Mais il a aussi commencé, sans le savoir à cette époque, à explorer la voie que les alchimistes appelaient la "voie humide".

Celui qui suit la "voie humide", explique E. Perrot dans son ouvrage La voie de la transformation (p.95) observe les phases de l'Oeuvre sur les parois du vase en verre. Ou plutôt il observe leur reflet. Il s'agit d'une lente gestation, je dirais une cuisine à feu doux, durant laquelle il voit des images qu'il traduit en symboles. Un peu comme les habitants de la caverne de Platon. La "voie sèche est celle où "l'artiste est directement aux prises avec la réaction de la transmutation dans le vase". En effet : "il n'y a pas de forme dans le feu, le feu brule les formes." Un texte offrant des concordances avec ce cheminement sur la voie humide se trouve dans Ma vie de Jung :

"Dans la mesure où je parvenais à traduire en images les émotions qui m'agitaient, c'est à dire à trouver les images qui se cachaient dans mes émotions, la paix intérieure s'installait . Si j'avais laissé les choses demeurer sur le plan de l'émotion, il y a lieu de penser que j'aurais été déchiré par les contenus de l'inconscient..."

Les alchimistes éprouvaient, eux aussi, des émotions provoquées par leurs expériences. Ils opéraient avec l'espoir fou de conquérir un fabuleux trésor, mais aussi sous la pression d'une angoisse provoquée par la crainte de Dieu et du Diable car, au fond d'eux -mêmes ils savaient bien qu'ils étaient quelque peu hérétiques. Le fait de traduire leurs émotions en images et en symboles avait, comme pour Jung, une vertu thérapeutique et rassurante.  

L'impression de brouillard chimérique que donne la symbolique alchimique est due au fait que ces hommes du Moyen Age, semblables en cela à celui qui reçoit des rêves absurdes, se trouvaient devant un inconnu pour lequel il n'existait pas de représentations connues.  Ils étaient obligés de procéder par approximations, allégories, images mythologiques, espérant ainsi exprimer leurs secrets d'une manière qui les soulage, tout en ne les chargeant pas d'une culpabilité religieuse.

Entouré de ses fioles, livres et instruments, épuisé par la chaleur de l'athanor, les veilles, les méditations, intoxiqué par les vapeurs du mercure et autres produits chimiques, l'alchimiste devait souvent être submergé de visions et d'hallucinations. Il est aussi possible que certains aient absorbé certains mélanges de leur confection...

L'alchimiste vivait donc une sorte de long rêve éveillé durant lequel se produisaient des manifestations de l'inconscient collectif. Sortant ensuite de son nuage onirique, il tentait d'exprimer l'inexprimable par une symbolique infiniment complexe, tellement riche que je ne peux m'empêcher de penser, comme Jung, qu'elle "devait son existence à une raison suffisante."

 

Ariaga

 

 

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