Je relis en ce moment un livre de Clément ROSSET (philosophe né en 1939 et décédé en 2018) intitulé Le réel et son double (Gallimard). J'ai eu la chance de suivre ses cours à la faculté de Nice et, avec Spinoza et Edgar Morin, il est un de ceux qui m'ont le plus influencée. J'ai toujours aimé ceux qui ne reculent pas devant les obstacles et voici ce qu'il écrit (p.106) :
" ...La sécurité est un piège qui achève de lier le héros tragique à son destin et d'enfermer l'homme en lui même. La mise à l'abri, l'esquive s'expriment par un geste qui constitue précisément, et de toutes pièces, le dommage dont on voulait se garer. C'est en voulant éviter de tuer son père qu’Oedipe se précipite sur la voie du meurtre, c'est en voulant à tout prix être un autre que l'homme se confirme habituellement en lui même. De sorte que la sécurité dont se croit protégé celui qui a entrepris d'esquiver son destin constitue le lieu exact de sa perdition. L'ailleurs apparent n'est autre que l' ici dont on se croyait éloigné, et la protection sur laquelle on comptait se révèle comme ce qui a justement causé la perte ; telle la montre du pêcheur, dans la Descente dans le Maelström d'Edgar Poe, qui doit signaler l'heure dangereuse de la marée et dont on s'aperçoit trop tard qu'elle s'est arrêtée à sept heures. La fausse sécurité est plus que l'alliée de l'illusion ; elle en constitue la substance même et est au fond l'illusion en personne, comme le dit Hécate dans Macbeth : " La sécurité est la plus grande ennemie des mortels. ""
Alors, arrêtons de nous abriter derrière des peurs plus ou moins réelles et faisons face courageusement à l' ici et maintenant de la vie.
Ariaga (Ariane Callot)
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