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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 17:17

écriture,poésie,photo,philosophie,nature,culture,tanizaki,amour

 Photo Jean Louis BEC ( tous droits strictement réservés)

 

Penser aux ténèbres tapies derrière l'ambiguïté de la frontière où se corpusculent dans la pénombre les vagues brûlantes du soleil.

Penser aux chambres obscures où la lumière se glisse dans les interstices des persiennes et raye les corps nus.

Penser aux vibrations vertes de l'ombre sous le feuillage apaisant la moiteur de la chair.

Penser aux reflets profonds de l'or qui brille dans les recoins ombreux des temples, aux clignotements d'une flamme dans le noir et à la fixité fascinante des phares minuscules quand, dans l'obscurité, brillent les yeux du chat.

Et surtout, penser à relire, une fois de plus, l'éloge de l'ombre de Tanizaki.

Ariaga

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 17:03
Contes bretons
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                            En hommage à Anatole Le Braz.

C'était aux jours anciens, où l'on croyait encore,

que les âmes perdues errent sur l'Océan.

 

Quand la cloche sonne le glas et résonne vers le ciel gris habité de lourdes pluies,

quand l'angoisse et la détresse se mêlent d'effroi,

arrive le temps des nuits d'apparitions.

La mer est une  tombe où le linceul est d'algues. Seules mouettes et goélands récitent les paroles funèbres qu'elles crient à la face du vide.

Dans les échancrures de l'Océan, poussés par les grands vents d'Ouest, remontent ceux qui n'ont pas trouvé le repos dans la terre mère.

Ils reviennent vers la côte, attirés par les feux de goémon de celles qui sont restées à terre, transies de froids regrets.

Ils sont des milliers, bras levés, prunelles angoissées, jaillissant des vagues qui attaquent la falaise comme des gerbes d'écume vivante.  Leurs formes spectrales tentent de s'agripper aux maigres touffes de bruyères et d'ajoncs et ils se plaignent en une langue qui n'est plus celle des hommes.

Je les vois, je les entends. L'amour et la pitié me submergent.

C'était le temps de l'enfance, le temps où ma Grand Mère me racontait des contes bretons. Cela explique bien des choses...

         Ariaga

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 12:13

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J’ai souvent commis des erreurs et j’ai dû souvent faire table rase de connaissances précédentes pour en acquérir à nouveau de plus pertinentes. … Car l’activité scientifique du chercheur ne fut jamais pour moi ni une vache à lait, ni un moyen de prestige, mais le résultat de l’expérience quotidienne. C’est pourquoi tout ce que j’avance n’est pas seulement écrit avec l’intellect, mais découle aussi parfois du coeur, circonstance que je demande au lecteur bienveillant de ne pas oublier, quand, en suivant la ligne intellectuelle de mes travaux, il rencontre parfois des points de rupture ou de discontinuité qui n’ont pas été parfaitement ajustés.”

C.G.JUNG : Psychologie de l'Inconscient p. 205

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 16:58

écriture,philosophie,littérature,culture,Jung,Nietzsche,photo

En lisant le Livre Rouge, et en particulier Les Sept Sermons aux morts qui y sont inclus, il est facile de se laisser emporter par la façon poétique dont écrit Jung. On pense alors aux Gnostiques, qui n'ont jamais hésité devant le grandiose, mais il y a surtout une ressemblance frappante avec le lyrisme du Zarathoustra de Nietzsche. Cette forme , correspondant à la "langue emphatique" des archétypes, semble destinée à la transcription de ce qui, aux yeux de Jung, venait "directement du monde intérieur". Parmi les contenus de ce monde intérieur, se trouvait certainement le Zarathoustra même si, curieusement, dans Ma Vie, Jung a omis de mentionner avoir relu le Zarathoustra pendant les années d'"immersion" ou il a écrit le Livre Rouge. Cela peut s'expliquer par l'attraction / répulsion q'il éprouvait pour celui qu'il considérait comme le plus grand des philosophe mais aussi comme un homme auquel il avait peur de ressembler psychologiquement.

Comme Jung le reconnaissait à un âge avancé, les Sept Sermons sont le "prélude", "le schéma ordonnateur" de ce qu'il voulait communiquer sur l'inconscient et un lien visible existe avec ce que Nietzsche avait, lui aussi, à exprimer. Par exemple, ces lignes de Ecce homo au sujet de l'inspiration, auraient pu être écrites par Jung :

"La notion de révélation, au sens où soudain, avec une sûreté et une finesse indicible, quelque chose devient visible, audible qui ébranle et bouleverse au plus profond, cette notion décrit simplement l'état de fait. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande pas qui donne ; tel un éclair une pensée vous illumine, avec nécessité, sans hésitation dans la forme, jamais le choix n'a été laissé ."

En résonnance à ces paroles de Nietzsche on peut lire sous la plume de Jung dans Ma Vie :

"Tous mes écrits sont pour ainsi dire des tâches qui m'ont été imposées de l'intérieur. Ils naquirent sous la pression d'un destin. Ce que j'ai écrit m'a fondu dessus, du dedans de moi-même. J'ai prêté la parole à l'esprit qui m'agitait."

Pour avoir la suprême audace de faire monter des profondeurs la "pensée d'abîme" il faut avoir la force du lion dit Zarathoustra car :

"Le monde est profond, et plus profond que le jour l'imagina jamais. Toute chose n'a pas le droit de s'exprimer au jour."

Même si ces paroles de Nietzsche se situent en un contexte différent, elles ont fait leur chemin vers le conscient de Jung. Elles sont à l'origine de la "psychologie des profondeurs" et aussi de l'idée du danger représenté par ces mêmes profondeurs. Cette dangerosité est très présente dans les Sept Sermons. Il y est écrit au sujet du terrible Abraxas, dont je dirai de manière simplifiée qu'il symbolise ce qui se déploie comme l'effet de la totalité indifférenciée :

"Il est le plein qui s'unit au vide.

Il est l'accouplement sacré.

Il est l'amour et son meurtre.

Il est le saint et son traître.

Il est la plus claire lumière du jour et la nuit la plus profonde de la folie.

Le voir c'est la cécité,

Le connaître, c'est la maladie,

L'adorer c'est la mort,

Le craindre c'est la sagesse,

Ne pas lui résister, c'est le salut ...

   Il y avait là, chez Jung, non seulement l'idée essentielle que toute chose porte en elle son contraire, mais aussi une crainte inspirée par la relation de Nietzsche avec le dangereux abîme que lui même venait de côtoyer pendant plus de trois années.

La Totalité contient à la fois la crainte et l'amour et surtout, concept très nietzchéen, elle n'inclut aucun jugement de valeur sur la qualité des opposés. On retrouve là l'éthique de dépassement du bien et du mal, un des concepts fondamentaux de Nietzsche. Ce concept, même si il l'effrayait, va ouvrir à Jung une issue hors de l'unilatéralité d'un monde chrétien voulant associer Dieu uniquement au bien. Cela donnera toute la dialectique des opposés et plus tard la psychologie de l'alchimie.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la relation entre Jung et Nietzsche mais ce sera pour d'autres fois.

 

Ariaga

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 15:24

Quand on parle rats ou souris on entend le plus souvent des cris d'horreur et les nez se plissent de dégout. Chez moi, ils ont toujours suscité curiosité et intérêt. Je pense qu'après avoir organisé tant de razzias, survécu à tant d'attaques, souffert tant d'expériences dans les laboratoires où ils ont aussi été instruits, ces muridés  doivent avoir considérablement évolué. Discrètement, bien sur, ils ont leur monde à eux et leur expérience collective secrète.

Il y a quelques semaines, mes rêves ont commencé à se peupler de rats. Genre grands surmulots un peu envahissants. ils venaient en groupe mais l'un d'eux se tenait à l'écart et semblait ignorer les autres. J'ai su, comme en rêve on sait des choses étranges, qu'il s'appelait Paulus. Pourquoi Paulus ? Aucun travail d'association symbolique ne m'a donné la réponse. Ce Paulus commençait à m'intriguer,  c'est pourquoi j'ai entrepris de continuer mes rêves en suivant le processus du rêve éveillé.

Paulus m'est apparu, à la nuit tombante, dans les lents tourbillons  d'un fin crachin, sur les berges d'un port désert. Il se tenait là, sa petite silhouette nichée dans le halo flou d'un vieux lampadaire dressé de guingois, assis sur une très grosse bite d'amarrage écaillée, rongée. Un carton défoncé avait du lui servir de tremplin. 

Un minuscule béret noir entre ses petites oreilles translucides marbrées de rose, blotti dans une très chic gabardine mastic, fort bien coupée, assis à l'abri sous un tout petit parapluie écossais, il fixait les berges blêmes. Il soupirait de temps en temps, lissait ses moustaches douces, toussotait, raclait sa gorge, plissait ses gros yeux, puis gloussait d'aise tout à coup, sans raison apparente, en tortillant son derrière moulé dans un short Kaki aux plis impeccables, un peu incongru à cette saison sous une gabardine dans la bruine tenace. Je l'avais cru seul mais un minuscule chien-mulot émergeait de la poche de sa gabardine.

Je me suis approchée très poliment et j'ai tenté d'engager, maladroitement, un semblant de conversation. Je n'ai pas l'habitude de dialoguer avec les rats. Au début j'ai eu l'air de l'ennuyer. Il n'a lâché en guise de réponses que quelques brèves monosyllabes barboteuses. Alors, je me suis assise sur un vieux bidon Shell cannelé, marbré de vieux corail, coincé entre des rails tordus  et rouillés.

Longtemps nous sommes restés silencieux jusqu'au moment où Paulus a sorti de minuscules lunettes, cage protectrice pour les timides, les a chaussées et a commencé une sorte de monologue dans un langage spiralique plein de mots assemblés au hasard mais d'une grande beauté symbolique. Plus je l'écoutais, plus je ressentais cette langue qui se construisait à partir de racines boueuses, mais qui ne demandait qu'à s'imprégner de lumière. 

J'ai demandé à Paulus, qui semblait comprendre le langage des hommes, s'il voulait visiter mon laboratoire. Sans avoir le temps de lui préciser qu'il s'agissait d'alchimie spirituelle, je l'ai vu frémir d'une peur atavique. Il a sauté sur le carton et à disparu entre deux tas de ferraille. 

Je suis sortie de mon rêve mais j'espère revoir Paulus. Je referai le chemin qui mène à lui. Il a l'étoffe, et surtout le langage de la recherche alchimique. Je compte aussi sur sa curiosité.

Ariaga

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 16:18

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   Le bruit lointain que j'avais entendu, je n'étais pas la seule, d'autres l'avaient perçu, est devenu plus net,  en ce jour de Juillet, quatorzième du mois.

  C'était comme un bruit de tambour mouillé et puis nous avons vu, d'autres habitants du Laboratoire pourraient en témoigner, nous avons dis-je vu, vers la gauche de la plage, émergeant de la vague alourdie par le sable soulevé, un vieux soldat qui battait tambour. Il était très petit, presque un soldat de plomb et marchait lentement, comme s'il défilait. Il portait casquette blanche, chemisette kaki, tablier de cuir et longue barbe grise et, n'était, curieusement, pas mouillé. Derrière lui, si bien mis, et marchant fièrement de son pas cadencé, est sortie de la mer une horde dépenaillée et fumante de vapeurs. Dans les volutes humides on ne distinguait que des silhouettes, bras levés, tenant des armes de toutes sortes. J'ai cru apercevoir des haches, des fusils, des sabres, peut-être même un tomahawk et aussi tout en bas, dans l'épaisseur brumeuse, il m'a semblé deviner les formes d'un canon traîné par des chevaux mais c'était trop confus pour que j'en sois certaine. 

   Le soldat au tambour grossissait à nos yeux. Pas beaucoup car il était VRAIMENT petit. Il continuait, imperturbablement, à défiler sur le sable. Les autres le suivaient, lamentable cohorte, et la brume avec eux. Le défilé est arrivé, juste à hauteur du banc. Le soldat s'est alors tourné vers nous, comme vers une tribune. Il a posé ses baguette sur le tambour, s'est mis au garde à vous a levé la tête et d'une voix forte, en une langue étrange que nous avons tous comprise, il nous a demandé : est-ce que LA guerre est finie. Nous sommes restés muets ...

           Ariaga

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 15:19
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Comme un cordage enroulé,

une chaîne d'amitié, nous a servi à tirer, vers des lieux qu'ils ignoraient,

des hommes emprisonnés.

Ce boulet aux pieds, ce poids sur le coeur, tout ce qui les empêchait de voyager librement, est devenu ballon s'échappant aux vents de l'imaginaire.

Et quand ils sont revenus de leurs folles aventures, ils n'étaient plus solitaires. Un village s'était construit dans l'Athanor, un village aux reflets d'or, un village tout plein de bancs et de sons de cloches sonnant la liberté intérieure. Un village du nom d'AMOUR.

Ariaga

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 17:00
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Sur la plage, tout vibrant d'étonnement devant le monde qui s'offre à lui, l'enfant contemple une mare enfermée dans sa frontière de rochers. Il ne voit pas les limites, seulement ce lieu enchanté où s'agitent crevettes et minuscules poissons, où le soleil joue avec l''eau. Il pénêtre cette mare de tout son regard et pour lui  cette petite surface d'eau de mer abandonnée par la marée est aussi importante que tout l'univers. Elle est l'univers.

Redevenir cet enfant émerveillé, oublier les questions et les portes...

Ariaga

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 14:29
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Quand je regarde cette photo de la peinture toute écaillée d'un vieux bateau, abandonné à la lisière vaseuse entre la terre et l'eau , je vois une oeuvre d'art de la nature.

La pluie et le soleil, le sel, le vent, l'eau alguée de la grande marée, tous les éléments ont travaillé et crée.

De calcinations en distillations, de putréfactions en coagulations, sur l'athanor de la nature, par une lente alchimie, la beauté est née et quand je la contemple je pense au matériau brut, grossier, chaotique, de notre être et je me demande si, avec le pinceau de l'amour sans limite, nous ne pourrions pas tenter, de vies en vies, de devenir, nous aussi, des oeuvres d'art. Utopie ? Peut-être, mais c'est un beau projet d'existence qui donne un sens à la vie journalière.

Ariaga

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 18:22
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La porte est close.

Les genoux sont usés par la prière.

Le vieil alchimiste au visage ravagé par les vapeurs mercurielles, à l'esprit ébloui par la Lumière de la Nature, quitte son oratoire et regarde le vase sur l'athanor.

Longtemps il contemple le vaisseau de verre.

Son imagination méditative est une étoile qui brille très loin dans le labyrinthe souterrain des hallucinations.

Il fixe l'eau de vie métallique qui se tord et se morcelle et à la fin il voit.

Mondes aquatiques où s'ouvrent des gouffres d'où émergent des formes reptiliennes qui se mordent la queue, mandragores trop humaines en couples enlacés, dragons portant entre leurs ailes l'Homoncule Fils des Philosophes,  et combien d'autre êtres issus du ciel ou de l'enfer.

C'en est trop et le vieil alchimiste, oubliant qu'il est très chrétien, se prosterne devant le vase devenu utérus.

Ariaga

 

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